Faute de quorum � les deux tiers des d�put�s doivent �tre pr�sents �, l��lection du nouveau chef d�Etat libanais par le Parlement a �t� ajourn�e au 23 octobre. L�opposition dite prosyrienne a choisi de la boycotter. Dot� d�un syst�me politique d�suet, bas� sur le confessionnalisme, le pr�sident de la R�publique doit �tre de confession chr�tienne maronite, le Premier ministre, musulman sunnite et le pr�sident du Parlement, chiite. Un syst�me auquel veut mettre fin le chef du Courant patriotique libre (CPL), le g�n�ral Michel Aoun, tax� faussement de pro-syrien, en raison de son alliance avec le Hezbollah (chiite) de Hassan Nasrallah. Ces deux partis avec le soutien d�Amal (chiite) du pr�sident du Parlement, Nabih Berri, et le parti chr�tien Marada de Sleimane Frangi� s�opposent � la majorit� actuelle issue des �lections du 14 mars 2005, � savoir le Courant du futur (sunnite) de Saad Hariri, les Kata�b (chr�tiens) de l�ancien chef d�Etat Amine Gemayel, les Forces libanaises (chr�tien) de Samir Geagea et le Parti progressiste socialiste (druze) de Walid Joumblatt. Comme on le voit, les clivages politiques ne sont pas d�ordre politico-confessionnel, � savoir musulmans contre chr�tiens, comme l�escomptait Isra�l lorsqu�il a d�clench� sa guerre d�agression contre le Hezbollah durant l��t� 2006. Cette guerre a effectivement chang� la donne politique au Liban et rendu complexe toute solution de sortie de crise en rel�guant au second plan la mise en place du tribunal international charg� de juger les assassins de l�ancien Premier ministre Rafik Hariri. Sorti victorieux de sa confrontation avec Isra�l, le Hezbollah soutenu par le CPL de Michel Aoun et Amal de Berri, qui avaient exig� des �lections l�gislatives anticip�es, organisant pour ce faire des sit-in permanents au centre de Beyrouth durant l�ann�e 2006-2007 dans le but de faire tomber le gouvernement de Fouad Siniora, ont fini par se ranger � l�id�e d�une �lection pr�sidentielle. Une �lection r�clam�e par l�actuelle majorit� qui exige le d�part du pr�sident Emile Lahoud, accus� d��tre un pro-syrien et de bloquer la mise en place du tribunal international. La question de la mise en place de ce tribunal, qui focalise les tensions entre la majorit�, et les assassinats de personnalit�s oppos�es � la Syrie dont les auteurs n�ont jamais �t� d�masqu�s, masquent en r�alit� des enjeux d�passant le cadre libanais. Chacun sait que les Etats-Unis englu�s en Irak, engag�s dans un bras de fer avec l�Iran, sont fortement impliqu�s dans la politique libanaise. Ce sont eux, avec l�appui de la France, qui ont fait adopter la r�solution 1559 contraignant les forces syriennes � quitter le Liban. Ce sont eux et leurs alli�s � la France et la Grande-Bretagne � qui ont fait adopter la r�solution 1757 instituant le tribunal international charg� de juger les assassins de Rafik Hariri, tribunal qu�ils comptent instrumentaliser pour impliquer la Syrie alli�e � l�Iran. De ce fait, pour Washington, il n�est pas question que soit �lu un pr�sident libanais �chappant � leur emprise. Aussi, de concert avec l�Arabie saoudite, appuient-ils fortement le gouvernement de Fouad Siniora et sa majorit� parlementaire. A l�inverse, le Hezbollah, le CPL et leurs alli�s souhaitent l��lection d�un pr�sident de la R�publique de compromis, ayant un agenda libanais bas� sur la d�fense des int�r�ts nationaux du Liban. Certes, seules des �lections l�gislatives anticip�es pourraient solutionner la question. Mais elles se heurtent � l�opposition de la majorit� gouvernementale qui craint le verdict des Libanais. Reste qu�entre ces deux positions inconciliables, les Libanais inquiets par la perspective d�un conflit arm� que provoquerait un �ni�me assassinat, sont quelque peu pris en otages. Aussi, Nabih Berry d�une part, et Saad Hariri d�autre part, tentent- ils de rassurer leurs concitoyens en poursuivant le dialogue. Le temps presse car le mandat du pr�sident Emile Lahoud expire le 23 novembre. D�ici l�, le Liban peut basculer vers le meilleur ou le pire.