Formellement, du moins, car, à partir de mardi 25, commence le compte à rebours et l'on saura, alors, si les frictions, ou encore les graves divergences, bloqueront un processus susceptible d'aider ce pays à sortir de sa grave crise politique. Les Libanais veulent être entendus, et déclarent qu'ils ne veulent plus compter les morts et vivre dans l'incertitude. Un tel appel s'adresse à la classe politique marquée par de graves rivalités que ne reproduisent en aucun cas les étiquettes de pro et antisyriens. Pour beaucoup, l'essentiel n'est pas, mais plutôt dans les terribles enjeux qu'il y a à aller dans le sens des aspirations des Libanais, otages d'un système politique défaillant. Même si cela relève davantage du bon sens et sans toucher à quoi que ce soit, les appels se sont multipliés pour que le Parlement libanais tienne, cette semaine, sa séance consacrée à l'élection présidentielle mais l'incertitude demeure sur un vote dans un climat alourdi par l'assassinat d'un député antisyrien. Le président du Parlement, Nabih Berri, a assuré le doyen des députés, Ghassan Tuéni, qu'il serait présent à la séance convoquée pour mardi mais a prévenu : « Si le quorum n'est pas atteint, nous la reporterons », a rapporté la presse hier. Le scrutin doit se tenir dans les deux mois précédant l'expiration du mandat de l'actuel président Emile Lahoud, le 24 novembre. Les députés élisent le président à la majorité des deux-tiers des députés au premier tour et à la majorité simple ensuite. L'opposition interprète cette règle comme un quorum des deux-tiers, qui lui permettrait d'empêcher l'élection d'un candidat indésirable à ses yeux, car le camp adverse, qui se qualifie de souverainiste, ne dispose que d'une majorité simple. M. Berri, qui est aussi l'un des piliers de l'opposition, se démène pour trouver un candidat de consensus avec la majorité parlementaire, une coalition qui regroupe son chef, Saâd Hariri, le dirigeant druze Walid Joumblatt et le chrétien Samir Geagea, soutenue par les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, et des pays arabes comme l'Arabie Saoudite. Le Hezbollah chiite, dans l'oppostion, a menacé, à plusieurs reprises, de torpiller le quorum si une entente sur le nom du futur chef de l'Etat n'était pas acquise au préalable. Le général chrétien, Michel Aoun, seul candidat déclaré de l'opposition, s'estime le mieux placé, alors que les partis de l'opposition considèrent que la seule planche de salut est l'adhésion à l'inititiative de M. Berri. « Même avant l'assassinat, il était probable que la séance du 25 n'aurait pas pour but d'élire un président », a expliqué le juriste Ziad Baroud, en référence à l'attentat qui a coûté la vie, mercredi, au député Antoine Ghanem. L'ancien président Amine Gemayel a affirmé, vendredi, que l'assassinat d'Antoine Ghanem, membre de son parti, les Kataëb, constituait une raison supplémentaire de respecter l'échéance. M. Gemayel a mis en garde contre les intrigues autour de l'élection du président, un chrétien maronite, en vertu de la tradition, estimant qu'elles ont « pour but de mettre fin au rôle des chrétiens au sommet de l'Etat ». Washington et Paris, principaux soutiens à la majorité, ont affirmé, vendredi, qu'ils ne permettraient pas que « des assassins » remettent en cause le scrutin. Il faut, toutefois, identifier ces assassins et les neutraliser ensuite. Ce qui ne semble pas être possible au regard des assassinats précédents qui n'ont pu être élucidés. En tout état de cause, la semaine qui commence s'annonce cruciale, et les députés libanais sont au pied du mur.