Une nouvelle vie semble, en ce printemps radieux, bourgeonner dans la commune d'Erraguene-Souici (Jijel) où plusieurs familles ont rejoint leurs mechtas où elles vaquent de nouveau à leurs occupations après en avoir été chassées par les années de souffrances vécues par l'Algérie. Des familles de six (6) mechtas, en l'occurrence Tighladene, Gueroua, Aouaâsna, Adjemani, Ouled Bourenane et Lalouaoucha se sont réinstallées dans leurs localités d'origine à la faveur du retour de la sérénité dans cette collectivité locale montagneuse et difficilement accessible depuis Ziama-Mansouriah et la commune limitrophe de Selma-Benziada. "Ce qui pouvait passer, au départ, pour une gageure est à présent une réalité palpable sur le terrain", lance fièrement Abdelkader (72 ans), un père de famille du hameau de Tighladene. "De 2.000 habitants, nous sommes passés à 4.000 âmes depuis 2013", se réjouit, de son côté, le jeune président de l'Assemblée populaire communale (APC) d'Erraguene-Souci, Saïd Boukefous, visiblement comblé par cet élan des citoyens retournant à leurs terres d'origine. Les populations de cette localité au climat rude, notamment en hiver où la neige est omniprésente, ont dû fuir les lieux en raison de la situation sécuritaire difficile qui prévalait à l'époque. A la faveur d'une visite d'inspection et de travail du wali de Jijel, Ali Bedrici, plusieurs décisions à même d'accélérer la tendance au retour et à la sédentarisation des populations ont suscité un énorme espoir parmi les citoyens de cette contrée, située à quelques encablures des monts des Babors, dans la wilaya voisine de Sétif. L'inauguration d'une maison de jeunes, avec un panorama direct sur le mythique barrage hydro-électrique de cette localité semble marquer le début de la fin de l'isolement de cette contrée, indiquent à l'APS plusieurs citoyens de cette commune. Le plus gros des préoccupations formulées par les citoyens, lors d'une rencontre entre la société civile et le wali de Jijel, a trait au réseau routier qui a toujours fait défaut. Les citoyens insistent notamment sur le développement de ce réseau, afin de mettre un terme définitif à un isolement et à un enclavement qui ont trop duré. Le message a été reçu "5 sur 5" puisque plusieurs entreprises s'activent sur le terrain pour réhabiliter des chemins de wilaya et les chemins communaux pour faciliter les liaisons entre les mechtas. Selon le directeur de wilaya des Travaux publics, l'enveloppe consacrée au réseau routier dans cette localité est de 20 milliards de dinars, ce qui est édifiant quant à la détermination des pouvoirs publics à faire sortir cette commune de l'ornière. Une détermination parfaitement illustrée par l'intransigeance du wali qui a sommé, lors de sa visite, le responsable d'une entreprise en charge des travaux de réhabilitation d'un tronçon routier d'achever le projet dans les délais "sous peine de sanctions et de blacklistage". Plusieurs autres préoccupations formulées par les représentants du mouvement associatif et de la société civile, présents lors de la rencontre tenue dans le nouveau siège de l'APC d'Erraguene, ont trouvé un écho positif auprès des autorités de la wilaya. Il s'agit notamment de l'octroi de logements ruraux et sociaux, de l'alimentation au réseau de l'eau potable, du raccordement à l'énergie électrique des mechtas qui en sont dépourvues, de la construction d'un terrain de sport, d'un lycée, d'un centre de santé avec affectation de médecins, d'un chirurgien-dentiste et d'un pharmacien et de la mise en place d'un bus pour le ramassage scolaire. La commune d'Erraguene-Souici, située à environ 30 km du chef-lieu de la daïra de Ziama-Mansouriah et à une altitude de 661 mètres, est très connue pour son barrage hydro-électrique dont l'apport en énergie électrique dessert une bonne partie du pays. Il a été mis en service dans les années 1960 pour fournir de l'énergie électrique. Le site de cet ouvrage et ses environs immédiats, remarquables pour leur panorama, peuvent constituer un facteur de promotion du tourisme dans cette "contrée oubliée", outiennent des jeunes de cette localité. Des jeunes que le vieux Abdelkader s'empresse de corriger : "une contrée autrefois oubliée, plus maintenant." Par Abdelhamid Zouad