La Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a dénoncé jeudi à Genève l'impunité dont bénéficient les auteurs de crimes contre les journalistes, et a appelé à une "tolérance zéro" de toute forme de violence visant les médias. "Chaque acte de violence perpétré contre un journaliste qui ne fait pas l'objet d'une enquête et reste impuni est une invitation ouverte à plus de violence", a déclaré la responsable onusienne lors d'un débat sur la sécurité des journalistes au Conseil des droits de l'Homme (10-27 juin). La Haut Commissaire estime que des enquêtes et des poursuites sont impératives dans tous les cas d'agressions visant des journalistes "et les victimes doivent être dédommagées". Selon l'ONG de défense des journalistes Presse Emblème Campagne (PEC), 49 journalistes ont été tués dans 21 pays depuis le début de l'année, principalement dans les zones de conflit en Syrie, Irak, Afghanistan, Pakistan et République centrafricaine. L'an dernier, 129 journalistes ont péri dans l'exercice de leur métier. "Je suis convaincue que beaucoup plus peut être fait pour protéger le travail vital des journalistes", a affirmé Mme Pillay qui a invité les Etats à faire preuve de "tolérance zéro" contre toutes les formes de violence visant la presse. Lors de ce débat, le rapporteur des Nations Unies sur la liberté d'expression Frank La Rue, s'est prononcé pour l'élaboration par l'ONU d'une Déclaration sur la protection des journalistes, à l'instar de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'Homme. D'autres intervenants ont exigé surtout des mesures plus sévères sur le plan national. Cette réunion à laquelle ont assisté bon nombre de responsables d'organisations internationales, d'ambassadeurs et de représentants de la profession, n'était pas destinée à l'adoption d'un quelconque plan, mais se voulait susciter une prise de conscience collective en faveur de la sécurité des journalistes. Si presque tous les Etats ont souligné le rôle essentiel joué par les médias dans le fonctionnement de la démocratie, il n'y a pas de consensus sur les moyens à mettre en oeuvre pour renforcer leur protection.