Les autorités centrafricaines ont exigé la remise sans condition des armes illégalement détenues dans le pays, au moment où la Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, effectue une visite de 48 heures à Bangui enfoncé dans un cycle infernal de tueries interreligieuses provoquant une crise humanitaire que des ONG dénoncent et exhortent la communauté internationale à accroître son aide. Le ministre de la Défense Thomas Théophile Timangoa a "demandé" à la population de la capitale Bangui, "notamment à toutes les personnes détentrices d'armes de guerre (...), de déposer les armes sans condition et d'attendre le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR)", a indiqué la radio qui avait fait lecture du communiqué mardi soir. "L'armée, dans sa mission de protection des personnes et des biens, traitera tous les contrevenants comme des cibles militaires", a mis en garde le ministre de la défense. Navy Pillay s'entretient avec les autorités de transition de la situation alarmante dans le pays Alors que des atrocités continuent à être perpétrées en République centrafricaine, la Haut-Commissaire des Nations Unies Navi Pillay, actuellement en visite de 48 heures dans le pays, a rappelé, mercredi, aux dirigeants placés en position d'autorité qu'"ils ont des obligations légales". Elle a précisé qu'ils "pourraient avoir à rendre personnellement des comptes pour les graves violations des droits de l'homme commises du fait de leurs actions ou de leurs omissions, violations qui pourraient constituer des crimes contre l'humanité". "Bien que la situation générale à Bangui semble un peu plus calme, des informations indiquent que les meurtres et la violence continuent. L'assassinat récent d'un parlementaire qui avait demandé que les personnes responsables de violations des droits de l'homme soient arrêtées est un développement très inquiétant, car il sape l'effort embryonnaire visant à rétablir la sécurité et l'état de droit en République centrafricaine", a déclaré Navi Pillay. "Pour mettre un terme au cycle de violence et de vengeance, il faut que tous les efforts possibles soient entrepris pour rétablir la sécurité et l'état de droit, et garantir que justice soit faite", a-t-elle ajouté. La Haut-Commissaire s'est félicitée du fait que "la Commission d'enquête allait prochainement commencer à enquêter sur les violations des droits de l'homme en République centrafricaine". Elle a aussi accueilli favorablement la décision prise par le Procureur de la Cour pénale internationale d'ouvrir une enquête préliminaire sur de potentiels crimes dans le pays. Sur le plan politique, le Conseil national de transition (CNT), parlement transitoire de Centrafrique, a lancé les travaux de rédaction d'une nouvelle Constitution. Ce projet de constitution devra être soumis "au peuple peu avant les nouvelles élections générales" censées se tenir d'ici février 2015, a déclaré le président du CNT Alexandre-Ferdinand Nguendet. Les ONG exhortent la communauté internationale à accroître son aide Médecins sans frontières (MSF), a dénoncé mercredi "un an d'escalade de la violence" en République centrafricaine et a exhorté la communauté internationale à accroître son aide. "C'est une crise humanitaire de très grande ampleur avec des besoins considérables", a souligné Marie-Hélène Rodrigue, directrice des opérations à MSF, de retour de Centrafrique, lors d'un point presse à Paris. L'ONG "a besoin d'une mobilisation financière des donateurs privés (....) mais la situation dans le pays réclame aussi d'un engagement financier de la part des bailleurs internationaux", explique Mme Rodrigue. Aujourd'hui, celui-ci est "extrêmement faible, pas du tout à la hauteur", estime-t-elle. L'ONG a constaté un pic de violence depuis la fin de l'année 2013, qui a "ciblé une communauté en particulier avec un esprit de revanche et une haine aveugle, la communauté musulmane, accusée d'être pro Séléka", explique Marie-Elisabeth Ingres, chef de mission en RCA. Mais pour cette humanitaire, "le plus choquant c'est de voir la non réaction de la communauté internationale". "Si ça se passait aux portes de l'Europe, on agirait beaucoup plus vite", estime-t-elle. Les violences ont fait près d'un million de déplacés et réfugiés, sur une population totale de 4,6 millions d'habitants, et provoqué une crise humanitaire sans précédent. Par ailleurs, devant le retard qu'a pris l'opération de déploiement de nouveaux contingents militaires dans le pays, les Nations unies, par la voix de son secrétaire général Ban Ki-moon, a réclamé une décision rapide sur le déploiement de 12.000 Casques bleus en République centrafricaine (RCA). M. Ban avait "demandé instamment au Conseil de sécurité d'agir rapidement sur ses recommandations pour une opération de maintien de la paix de l'ONU" en RCA et réitéré son appel à envoyer d'urgence des renforts sur place pour appuyer les forces africaines de la Misca (6.000 hommes environ) et les 2.000 soldats français de l'opération Sangaris. D'autre part, la mission militaire que doit lancer l'Union européenne en Centrafrique a été retardée de par la crise en Ukraine. Les attentes portent surtout sur des avions de transport pour acheminer les troupes d'Europe à Bangui, et sur des équipements à déployer sur place, à savoir une dizaine de camions, quatre équipes médicales et quatre ambulances, ainsi que des logisticiens et des ingénieurs.