L'Unesco vient d'inscrire "en urgence" au patrimoine mondial de l'humanité, un village de Palestine menacé de destruction par la colonisation israélienne, a-t-on appris samedi auprès de l'organisation onusienne. Il s'agit du village de Battir, dans le sud de la Cisjordanie occupée, déclaré "Patrimoine mondial en péril" et où les paysans pratiquent depuis des siècles la culture en terrasses. Celui-ci est menacé par la construction du mur d'occupation israélien, bien que depuis 2012, la Cour suprême israélienne, fait rarissime, ait donné raison aux plaignants palestiniens, et ordonné au gouvernement israélien de redessiner le tracé de son mur. Ce tracé qualifié par les Palestiniens de "mur de l'apartheid" dessiné dès 2003 est en fait destiné à voler des terres palestiniennes, mais surtout à effacer les traces d'une présence arabe séculaire dans la région. En de très nombreux endroits, le "Mur" divise la population palestinienne (séparation des familles), et l'éloigne, voire lui interdit complètement l'accès à ses ressources économiques, sanitaires ou sociales. Cette inscription au patrimoine mondial de l'Unesco et sur la liste du patrimoine mondial en péril, est une nouvelle victoire politique de la Palestine à l'Unesco, qui intervient à la suite d'un vote qui s'est déroulé dans le cadre d'une procédure d'urgence. Les Palestiniens avaient revendiqué en juin 2012 une première victoire historique en obtenant l'inscription par l'Unesco de la basilique de la Nativité de Beithlehm en Cisjordanie occupée, au Patrimoine mondial. "Ceux qui ont voté pour cette inscription disent que seule la chute des murs assure l'avènement de la paix et de la réconciliation", a martelé l'ambassadeur palestinien à l'Unesco Elias Sanbar. "Vous venez de prendre, au-delà de l'inscription de Battir, une décision courageuse contre l'enfermement, l'exclusion et la domination", a-t-il dit en s'adressant aux ambassadeurs qui ont voté favorablement. La Palestine a réussi à isoler Israël au sein des 21 membres du comité du patrimoine mondial. Seuls trois ont voté contre l'inscription de ce site sur la liste du patrimoine mondial en péril, onze votant pour, alors qu'il fallait dix voix pour atteindre la majorité. La vallée de Battir est connue pour ses terrasses agricoles, toujours exploitées, et son système d'irrigation datant de l'Antiquité. Elle est située tout près de la ligne de démarcation dessinée en 1949 entre Israël et la Cisjordanie.