Il existe une "volonté délibérée" des médias occidentaux d'occulter" les liens entre Nelson Mandela et l'Algérie, a affirmé, mardi à Alger, l'ancien diplomate Nouredine Djoudi, conviant la jeunesse algérienne à "consolider l'amitié" entre l'Afrique du Sud et l'Algérie. "Il existe une volonté délibérée d'occulter les liens entre Nelson Mandela et l'Algérie de la part des médias occidentaux, notamment français, déformant ainsi l'histoire. Aussi, je souhaiterais que notre jeunesse œuvre à consolider l'amitié et ce qui a été construit entre l'Afrique du Sud et l'Algérie", a soutenu l'ancien ambassadeur. Ayant étroitement côtoyé le héros de la lutte anti-Apartheid, Nouredine Djoudi intervenait lors de la rencontre co-organisée par El-Moudjahid et Machâal Echahid, en hommage à l'icône sud-africaine Nelson Mandela, dont le monde célèbre, le 18 juillet, la journée internationale qui lui est consacrée, depuis son décès le 5 décembre 2013. L'Algérie s'était refusée "par pudeur" à évoquer le soutien qu'elle a apporté aux combattants du Congrès national africain (ANC), considérant que cela s'inscrivait dans le cadre du "combat universel pour la dignité", a expliqué l'hôte du quotidien gouvernemental, avouant que ce fût "peut-être un tort". Revenant sur la dimension de l'homme qu'il a qualifié de "géant de l'Afrique", l'ancien diplomate a exprimé sa "fierté" que l'Algérie ait été le "premier" pays à avoir soutenu "sans réserves" et sans "attente de retour" la lutte des Sud-africains pour leur liberté. L'apprentissage militaire de Mandela au sein de l'Armée de libération nationale (ALN) s'est fait dans un "cadre conceptuel plus large", en ce sens qu'il s'agissait de former un "futur chef" en un laps de temps très limité, a expliqué M. Djoudi. "Il avait décidé que de toutes les armées qu'il avait vues, l'ALN est la seule qui pouvait être le modèle pour la libération de son pays", a témoigné le diplomate à la retraite, qui a raconté avoir été aux côtés de Mandela lorsque ce dernier avait tiré sa première balle, durant sa formation dans l'un des maquis d'Algérie. "Une balle qui avait atteint sa cible", a-t-il tenu à noter. En sus de l'aspect militaire, le soutien de l'Algérie aux combattants de l'ANC ne dépassait, par ailleurs, guère celui des "conseils", a affirmé M. Djoudi, précisant que les Algériens se refusaient à "dire à Mandela ce qu'il devait faire" et ce, partant de la conviction qu'une "révolution ne s'exporte pas". C'est à ce titre, a-t-il précisé, que les responsables de l'ALN avaient "conseillé" à Mandela d'entreprendre une "action diplomatique", en attendant le déclenchement de la lutte armée, a fait savoir M. Djoudi. Mandela était un homme de "paix" et de grand "humanisme" mais contraint par la répression du pouvoir sud-africain à recourir à la lutte armée, à l'image du peuple algérien qui, face aux Français, étaient confrontés à la "même nature" du colon, a indiqué l'intervenant dans une évocation du "parallèle" entre les révolutions algérienne et sud-africaine. Il a rappelé, à ce propos, la nature "ségrégationniste" de l'occupant français qui avait instauré un "délit du regard" à l'encontre de la population algérienne, au même titre que le régime de l'Apartheid avait consacré la discrimination entre blancs et noirs. Pour autant, la grandeur de celui qui deviendra plus tard le premier président noir de la "nation arc-en-ciel", a été de convaincre ses compagnons de ne pas lutter pour des considérations "ethniques", réussissant ainsi à rallier vers sa cause, d'autres Sud-africains que les noirs. Convié également à cette rencontre-hommage au symbole de la lutte pour la liberté, l'universitaire et chercheur Ismail Debeche a convergé, dans son allocution, avec l'ancien diplomate pour évoquer "les mêmes convictions" qui ont animé Mandela et les révolutionnaires algériens, à savoir que l'indépendance ne peut se recouvrer qu'à travers les armes, a-t-il argumenté. "Mandela disait aussi, tout comme Ben Boulaid et Ben M'hidi, que s'il devait trouver, à sa sortie de prison, les mêmes conditions qui l'ont conduit à la détention, il allait refaire ce qu'il a fait", a observé l'intervenant qui a évoqué une "convergence stratégique entre l'Algérie et l'Afrique du Sud".