Un projet de résolution visant à juguler l'épidémie d'Ebola, qui continue de se propager en Afrique de l'Ouest doit être examiné jeudi par le Conseil de sécurité de l'ONU, alors que les pays touchés par l'épidémie la plus grave depuis l'identification du virus en 1976 espèrent un tournant grâce à l'aide promise par la communauté internationale. Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a indiqué que lors de cette réunion d'urgence sur l'épidémie d'Ebola, qui a "des conséquences humanitaires, économiques et sociales graves qui pourraient se propager au-delà des pays touchés", la Directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Margaret Chan, et lui-même présenteront le programme d'action internationale pour contenir cette menace. Dans ce sens, l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power, qui préside le Conseil en septembre, a précisé que Washington souhaitait voir cette réunion déboucher sur "des engagements concrets" pour lutter contre l'épidémie, soulignant qu'il était très inhabituel que le Conseil, chargé de veiller à la paix et à la sécurité internationales, se saisisse d'un dossier de santé publique. Pour faire face à cette "crise exponentielle", qui a fait près de 5.000 personnes infectées et plus de 2.400 morts en Guinée, au Libéria, au Nigeria, au Sénégal et en Sierra Leone, dont près de la moitié des cas ont été enregistrés au cours des derniers 21 jours, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) mardi, M. Ban a appelé la communauté internationale à "une réponse mondiale exceptionnelle" avant que cette épidémie ne devienne une "crise de l'humanité". Mobilisation internationale, financière et militaire La responsable des opérations humanitaires des Nations unies, Valérie Amos, a indiqué que l'ONU a demandé 987,8 millions de dollars (763 millions d'euros) pour les trois pays principalement touchés, Guinée, Liberia et Sierra Leone, "au bord de l'effondrement". Selon l'ONU, 22,3 millions de personnes vivent dans des régions où le virus a été signalé et ont besoin d'aide, et le nombre de cas augmente plus vite que la capacité à les gérer. Elle estime que 20.000 personnes seront infectés par Ebola d'ici la fin de l'année: 16% en Guinée, 40% au Liberia et 34% en Sierra Leone. Le président américain Barack Obama a appelé mardi "à agir vite" pour éviter que des "centaines de milliers" de personnes ne soient contaminées par Ebola. Il a annoncé la création d'un centre de commandement militaire au Liberia pour soutenir la lutte contre l'épidémie à travers la région et la mise en place de 1.000 lits. Washington a aussi saisi en urgence le Conseil de sécurité de l'ONU, sur un projet de résolution américain destiné à mobiliser les gouvernements contre la propagation de l'épidémie, une initiative rarissime dans le domaine de la santé. Les Etats membres de l'Union européenne (UE) ont de leur côté promis 78 millions d'euros supplémentaires, outre les quelque 150 millions d'euros déjà prévus, pour aider à la lutte contre Ebola, a annoncé mercredi la commissaire européenne à l'Aide humanitaire, Kristalina Georgieva. L'UE doit poursuivre ses efforts de coordination lors de la réunion des ministres de la Santé prévue les 22 et 23 septembre à Milan, alors que l'ONU a chiffré à 1 milliard de dollars (environ 770 millions d'euros) les fonds nécessaires pour enrayer l'épidémie. Notons aussi la contribution de la Banque mondiale d'un don de 105 millions de dollars, dont 52 millions de dollars seront alloués au Liberia --qui compte le plus grand nombre de cas d'infections-- et le reste sera réparti entre la Sierra Leone (28 millions) et la Guinée (25 millions). Sur le terrain, une volontaire française de Médecins sans Frontières (MSF), en mission à Monrovia, la capitale du Liberia, a été contaminée par Ebola et devrait être rapatriée jeudi en France par avion spécial. Ce sera la première fois qu'un patient atteint d'Ebola sera hospitalisé en France. Les recherches continuent en vue d'un vaccin opérationnel Dans ce contexte sombre, la principale lueur d'espoir venait de la recherche médicale, dont les efforts en vue d'un vaccin opérationnel d'ici la fin de l'année, à destination initialement des professionnels de santé, semblaient progresser. Une équipe de chercheurs de l'université britannique d'Oxford a lancé mercredi un essai clinique sur 60 personnes de ce vaccin également testé aux Etats-Unis sur une poignée de volontaires, qui n'ont pas présenté de réaction négative. Selon l'un de ces chercheurs, Edward Wright, de l'Université de Westminster, "le virus se reproduit si rapidement que le corps n'est pas en mesure de générer suffisamment d'anticorps pour bloquer ou inhiber l'infection avant qu'elle ne prenne racine". "En administrant ce vaccin, nous espérons pouvoir stimuler la production des anticorps avant qu'ils soient infectés, afin qu'ils puissent se défendre", a-t-il expliqué. Le virus Ebola, qui provoque des fièvres hémorragiques, tire son nom d'une rivière du Nord de l'actuelle République démocratique du Congo (ex-Zaïre), où il a été repéré pour la première fois en 1976. Son taux de mortalité varie entre 25 et 90% chez l'homme.