Le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek, a estimé dimanche à Alger qu'il était "inconcevable que la mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) se transforme d'une mission de paix en mission de parrainage de l'occupation". "La crédibilité des Nations Unies est à l'épreuve dans une question qui est sa raison d'être et qui concerne le droit des peuples à l'autodétermination", a souligné le responsable sahraoui dans une conférence de presse. Il a affirmé que son pays "condamne avec force la complicité dont jouit l'occupant marocain au sein du Conseil de sécurité et en particulier au sein du groupe des cinq amis du secrétaire général (quatre permanents, à l'exception de la Chine, plus l'Espagne qui n'est pas membre permanent). Cette complicité a conduit le Maroc à "faire fi de la légalité internationale et à exercer la politique d'intransigeance, de répression et d'intimidation au vu et au su de la communauté internationale et de l'opinion publique internationale", a précisé M. Ould Salek, soulignant "ses entraves" aux efforts de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, "empêché actuellement de visiter la région". La communauté internationale "fait face à une situation difficile notamment lorsque les pays influents appliquent la politique de deux poids de mesure dans le traitement des questions internationales, à l'instar du Sahara occidental", a fait observer le ministre sahraoui. Accusant le groupe des cinq d'avoir kidnappé la question sahraouie, M.Ould Salek a lancé "nous accusons le groupe des cinq d'avoir Kidnapper la question sahraouie et d'entraver le conseil de sécurité, avec la complicité du Maroc, au détriment de la décolonisation dans la dernière colonie en Afrique", ajoutant que le groupe des cinq "empêche la concrétisation de la paix dans la région pour des intérêts stratégiques". Ce Groupe, dont la France et l'Espagne font partie, "a refusé que la Minurso prenne en charge les droits de l'Homme au moment où les mêmes pays interviennent militairement (dans d'autres pays) au prétexte de défendre les droits de l'Homme et la démocratie", a-t-il dit. A une question sur les entraves du Maroc des efforts internationaux pour le règlement du conflit sahraoui, il a évoqué le refus (par le Maroc) de la nouvelle représentante personnelle du secrétaire général de l'ONU au Sahara Occidental et chef de la mission de la Minurso, la canadienne Kim Bolduc ainsi que son refus de coopérer avec l'envoyé spécial de l'Union africaine (UA) le mozambicain Joaquim Chissano. Le chef de la diplomatie sahraouie a déploré la position de l'Espagne et de la France à l'égard de la question, considérant qu'elles "sont complices" avec le Maroc. "Ces deux Etats qui sont les seuls à même d'aider les pays du Maghreb dans l'édification et la paix font tout le contraire", soutient-il. Concernant "l'éventuel retour à l'option de la lutte armée", M. Ould Salek a précisé que les Sahraouis "sont tous attachés à l'indépendance nationale et veulent reprendre les armes", estimant que "les atermoiements du Maroc constituent des provocations". A propos du dernier referendum en Ecosse qui a abouti à un "non" à l'indépendance vis a vis de la Grande Bretagne, M. Ould Salek a considéré qu'il s'agissait là d'une "leçon de démocratie", indiquant que le plus important était de "donner la parole au peuple pour décider de son sort". Le Maroc continue d' inonder le marché mondial de drogue "Le Maroc continue d'inonder le marché mondial de drogue, écoulée par des réseaux criminels en Europe, dans les pays voisins et au Sahel, avec la complicité de ses services de sécurité", a soutenu M. Ould Salek. Le gouvernement marocain "investit les recettes de la drogue, estimées à 10 milliards de dollars, en Afrique de l'ouest de notamment pour le blanchiment d'argent et la formation de lobbies qui défendent l'occupation et font de la propagande pour soigner l'image du Maroc". "Cette politique criminelle alimente les groupes terroristes activant au Sahel et dans plusieurs pays et tend à déstabiliser la région dans une démarche de diversion à l'occupation du Sahara Occidental", a-t-il précisé. Les recettes de la drogue "sont utilisées au niveau interne pour l'acquisition d'armes et la couverture des frais des conférence et autres manifestations organisées par le Maroc dans le but de se racheter une image contraire à sa réalité politique, économique et sociale", a-t-il indiqué. En entravant le règlement du conflit, le Maroc va à contre courant M. Ould Salek a estimé que les tentatives "désespérées et flagrantes" du Maroc d'entraver le règlement du processus de paix au Sahara Occidental et l'organisation d'un referendum libre et transparent "ont contraint ce pays à aller à contre courant de la tendance mondiale actuelle". La lutte du peuple sahraoui a mis le Maroc d'aujourd'hui "en confrontation avec l'ONU, l'Union Africaine et toutes les organisations de défense des droits de l'homme", a soutenu le responsable sahraoui, réitérant "la détermination absolue du peuple sahraoui à poursuivre son combat libérateur et sa coopération avec l'ONU et l'UA pour la décolonisation du Sahara Occidental, à travers l'exercice de son droit immuable et inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance, à travers l'organisation d'un referendum libre, juste et transparent".