La communauté internationale s'attelait dimanche au Caire à la collecte de quatre milliards de dollars réclamés par l'Autorité palestinienne pour reconstruire la bande de Ghaza après 51 jours d'agression militaire israélienne qui a tué 2.100 Palestiniens et dévasté le territoire. Les travaux de cette conférence des donateurs se sont ouverts dans la matinée dans la capitale égyptienne, en présence du président palestinien Mahmoud Abbas et avec la participation d'une cinquantaine de pays, dont l'Algérie. Le ministre des Affaires étrangères, M. Ramtane Lammra, dirige la délégation algérienne aux travaux de la conférence co-organisée par l'Egypte et la Norvège, destinée entre autres à financer la reconstruction d'un territoire dévasté cet été pour la troisième fois en six ans par une agression militaire israélienne sauvage, alors que Washington appelle à relancer le processus de paix israélo-palestinien. Une rencontre, de grosses attentes Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, présent au Caire aux côtés d'une trentaine de chefs de diplomatie, devait donc plaider pour une relance du processus de paix israélo-palestinien, selon des diplomates américains. M. Kerry devait mener des entretiens afin de tenter de relancer le processus de paix qu'il avait impulsé en juillet 2013 et qui a échoué en avril. Car le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon l'a signifié: pas de solution durable aux problèmes de Ghaza sans règlement global entre Palestiniens et Israéliens. La Bande de Ghaza "reste une poudrière, les habitants y ont désespérément besoin de voir des résultats dans leur vie quotidienne" de ces nouvelles promesses financières de la communauté internationale, a averti le secrétaire général dans son discours devant les participants à la conférence. Il a rappelé au passage qu'une rencontre similaire avait eu lieu en 2009, où "la communauté internationale s'était réunie" en Egypte pour la reconstruction de Ghaza, dévastée par trois attaques ces six dernières années. "Nous avions promis notre soutien et nous étions convenus de reconstruire et, aujourd'hui, nous sommes à nouveau ici (...), le cycle construction destructions se poursuit, il empire", a-t-il regretté. A l'ouverture de la conférence, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays parraine des négociations indirectes pour parvenir à une trêve durable à Ghaza, a déclaré à l'adresse d'Israël qu'il était "temps de mettre fin au conflit avec les Palestiniens". "Nous avons besoin d'une nouvelle solution pour établir un état palestinien avec El-Qods pour capitale", a immédiatement réaffirmé le président palestinien Mahmoud Abbas, pressant la "communauté internationale de faire le maximum pour arrêter une échéances afin de mettre un terme à l'occupation israélienne et entamer des négociations sérieuses". Pertes en vies humaines et en matériel L'agression israélienne qui a duré une cinquantaine de jours en juillet et août a fait plus de 2.100 morts palestiniens dans la bande de Ghaza soumise en outre à un blocus imposé par l'occupant israélien ces huit dernières années. A l'heure actuelle, quelque 100.000 Palestiniens se retrouvent sans abri dans cette bande de territoire exigu et surpeuplé, où 45% de la population active était au chômage, l'une des fâcheuses conséquences des attaques répétées depuis près de sept décennies. Et l'argent promis lors d'une précédente conférence internationale de reconstruction de Ghaza, en 2009, n'était en partie jamais arrivé ou n'avait pas contribué à améliorer sensiblement la vie des Gazaouis. L'Autorité palestinienne a présenté un projet de reconstruction de Ghaza de 76 pages, pour un montant de quatre milliards de dollars dont la plus grande partie sera destinée à la construction de logements. Le PIB de l'enclave devrait baisser de 20% au cours des neuf premiers mois de 2014 par rapport à 2013. La conférence pourrait produire un montant de promesses élevé, mais "un certain pessimisme est de rigueur, les gens en ont assez de payer sans horizon politique", affirmait récemment un diplomate occidental. Les Etats-Unis sont les seuls pour le moment à avoir pris un engagement pour verser 400 millions de dollars sur un an avec l'ajout de 212 millions annoncé par M. Kerry. Mais l'Europe et les pays arabes devraient aussi promettre des sommes importantes. Une grande partie de la communauté internationale espère pouvoir miser à terme sur une plus grande stabilité politique à Ghaza avec la réconciliation récente entre l'Autorité palestinienne, dominée par le parti Fatah de Mahmoud Abbas, et le mouvement Hamas. Le gouvernement d'union palestinien s'est réuni dans la bande de Ghaza jeudi dernier pour la première fois depuis sa formation en juin, après des années de divisions entre les deux mouvements.