La trêve est devenue lettre morte en Ukraine. Elle a beaucoup souffert de la persistance des combats qui ont fait de l'aéroport de Donetsk un champ de ruines. Dans les dernières 24 heures, 6 soldats ukrainiens ont été tués et 9 autres blessés. Depuis les élections du 2 novembre, la guerre des tranchées s'est accentuée. Alors que l'Otan dénonce « un renforcement militaire très grave » dans l'est de l'Ukraine et du côté russe de la frontière, Kiev a conforté ses positions le long de la ligne de front pour se prémunir, selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale et de défense, Andreiï Lyssenko, d'une nouvelle offensive. « Nous avons déjà préparé une première ligne de défense, renforcé nos unités, sorti davantage d'armes et de moyens défensifs des entrepôts et équipé des troupes supplémentaires », a-t-il indiqué. Mais le coup de grâce a certainement été porté par Kiev décrétant un embargo contre les républiques de l'Est et entérinant une séparation de fait. Moscou, qui exige des réformes de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), accusée d'être instrumentalisée par les Occidentaux, pointe le doigt sur Kiev engagé « dans une politique d'asphyxie économique et sociale du sud-est » de tous les dangers. Le scénario du pire a été évoqué par le chef de la diplomatie russe, lors d'une réunion de diplomates russes et bélarusses à Minsk, tenue à la veille de la rencontre avec son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, attendu à Moscou et à Kiev, mais également celle des 28 ministres de la Défense. « Nous espérons que le ‘'point de non-retour'' n'a pas été atteint », a déclaré Lavrov, réitérant l'intérêt de Moscou pour « le développement des liens » avec l'Europe et la création d'un « espace économique et humanitaire commun » de « Lisbonne à Vladivostok », une idée évoquée par le président Vladimir Poutine et accueillie froidement par Bruxelles. L'esprit de la guerre froide, perceptible au sommet du G20, refait surface. Il est généré par les nouvelles sanctions de l'Union européenne prises contre les séparatistes et le renvoi des diplomates polonais pour « activités incompatibles » avec leur statut, selon Moscou, et interprétés comme une « réponse symétrique » à une mesure analogue de Varsovie, selon le chef de la diplomatie polonaise, Grzegorz Schetyna. Dans ce climat de « guerre totale », incitant Moscou au choix entre la paix négociée ou l'isolement suggéré par le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, la dernière chance de médiation est relancée par l'Allemand Frank-Walter Steinmeier. « Les accords de Minsk ne sont pas parfaits, mais ce sont des accords de base. Il faut respecter ces accords », a déclaré, à Kiev, le ministre allemand des Affaires étrangères, au cours d'une conférence de presse avec le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk.