2014 aura été, pour la majorité des projets culturels liés aux biens patrimoniaux matériels et immatériels, une année de stand by, nonobstant quelques événements importants pour le patrimoine culturel dont un nouveau classement dans la liste indicative du patrimoine mondial de l'humanité. Le lancement de quelques opérations de restauration à Constantine ou à Alger, le classement par l'Unesco de la Sebeiba de Djanet au patrimoine mondial de l'humanité et le rapatriement de biens culturels volés constituent l'essentiel de l'actualité du patrimoine culturel algérien en 2014. La ville de Constantine, qui accueillera prochainement un événement culturel majeur, a connu cette année le lancement des études pour la restauration d'une partie de la vieille médina et pour la réhabilitation des sites de Tiddis et celui du tombeau de Massinissa. Pour sa part, la capitale a vu se concrétiser la coopération algéro-turque dans ce domaine avec le lancement des travaux de restauration de la mosquée Ketchaoua, et l'installation, début 2015, de la commission algéro-turque pour la mise en oeuvre "effective" de la restauration de la Casbah d'Alger. Site prestigieux mais tellement emblématique des retards accumulés dans le domaine de la protection du patrimoine matériel, la Casbah d'Alger, ébranlée en août dernier par un nouveau séisme, est toujours menacée alors que le plan de sauvegarde de 2012 attend d'être traduit dans les faits. La vieille médina d'Alger a été classée site historique national 1991, puis inscrite au patrimoine universel de le l'Unesco l'année suivante. En 2014, le ministère de la Culture a également réussi à rapatrier le Masque de la Gorgone, une pièce archéologique volé au musée d'Hippone à Annaba en 1996 avant d'être retrouvée en Tunisie, ainsi que "La becquée" toile de Jean François Millet disparue du musée d'Oran en 1985 et retrouvée en France. Cependant, un grand nombre de projets prévues pour 2014 restent en suspens à l'image du Centre international d'Alger pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel d'Afrique, adopté en novembre 2013 par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). Attendue pour cette fin d'année, l'entrée en vigueur du plan de sauvegarde de l'antique Casbah de Dellys (Boumerdes) attend elle aussi l'approbation de la commission nationale des biens culturels. Des biens du patrimoine immatériel comme les manuscrits attendent encore une révision juridique réclamée par les détenteurs alors que des coffrets d'enregistrement et de documentation (écrite et audiovisuelle) de pratiques comme l'Imzad, l'Ahalil, le Diwan, le Rakb ou encore le Tindé, destinés au grand public, attendent toujours d'être réalisés. Inventaire, communication et fouilles, principales faiblesses Souvent relevée par les archéologues et les experts étrangers, l'insuffisance en matière d'inventaire, de fouilles archéologiques et de mise en valeur des sites patrimoniaux reste un volet important qui nécessite l'implication de plusieurs secteurs et de plusieurs institutions du département de la Culture. Le Centre national de recherche archéologique (Cnra) avait regretté de "ne pas avoir été sollicité" avant la conception des projets de réhabilitation des sites archéologiques comme celui de Tiddis dont plus de la moitié reste encore sous terre. Pour sa part, Matteo Malvani, chef du programme d'appui de l'Union Européenne dédié au patrimoine culturel algérien, avait relevé que les inventaires des sites patrimoniaux en Algérie étaient "incomplets, pour certains sites, et inexistants pour d'autres". Aussi ce projet, prévu pour début 2015, vise-t-il à renforcer la méthodologie d'inventaire. La communication sur le patrimoine et sa mise en valeur à des fins d'exploitation touristique, "sans y porter préjudice", est aussi un des objectifs de formation de ce programme. Organisée en septembre dernier, une rencontre des professionnels du patrimoine avec la ministre de la Culture avait révélé les profonds malaises dont souffre le secteur (formation, communication, inventaire, suivi...) mais également l'urgence d'une prise charge plus déterminée de ce legs culturel national irremplaçable.