Le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie en France, Abdallah Zekri, a exprimé mardi son inquiétude face à la montée des actes anti-musulmans à travers le pays ces derniers jours, craignant une propagation de ces actes d'une "gravité exceptionnelle" dans toute l'Europe. S'exprimant dans un entretien à l'APS par téléphone, M. Zekri a affirmé que "70 actes anti-musulmans ont été enregistrés depuis l'attentat contre Charlie Hebdo mercredi dernier", soulignant que "ce chiffre est loin de la réalité" et signalant qu'"un bon nombre de musulmans ont reçu des menaces, allant jusqu' à la mort, mais ils n'ont pas déposé plainte". Des lieux de culte musulmans en France ont été visés par des tirs d'armes à feu ou d'autres projectiles, mercredi soir au Mans (ouest) et à Port-la-Nouvelle (sud). A Villefranche-sur-Saône (centre-est), une explosion d'origine criminelle s'est produite jeudi dernier devant un snack kebab jouxtant la mosquée de la ville. M. Zekri a tenu à rappeler le rôle important qu'a jouée la "communauté musulmane en France", durant "la deuxième guerre mondiale" et "la contribution des musulmans dans le développement économique et industrielle". "La France sans les musulmans, ne serait pas la France", a-t-il soutenu, faisant allusion à la récente déclaration du Premier ministre français Manuel Valls qui disait que "la France sans les juifs ne serait plus la France". Le président de l'observatoire a également mis en garde contre "des groupes dangereux qui activent sur les réseaux sociaux qui appellent même à l'assassinat des musulmans". Afin de prévenir et faire face à une éventuelle propagation des actes hostiles aux musulmans, M. Zekri a estimé que "la fermeture des sites internet qui appellent au meurtre, aux violences, est l'une des mesures que les autorités compétentes doivent prendre d'urgence". "La justice doit passer à l'acte en sanctionnant toute atteinte à ce vivre ensemble sur le territoire", avec "des lois plus sévères contre tout discours incitant à la violence", a jugé le responsable. Face à cette menace, "il est souhaitable et nécessaire que les responsables du culte musulmans se concertent et travaillent ensemble, afin de protéger l'image de notre islam", a souligné M. Zekri, signalant l'importance d'une "formation qualifiée des imams". Il a, en outre, déploré "les amalgames et stigmatisation à l'encontre des musulmans, qui a-t-il dit, sont "les premières victimes du terrorisme". "Il y'a une contamination en Europe de ces actes de violences à l'encontre de la communauté musulmane, en Suisse comme en Allemagne", c'est pour cela qu'"il faut arrêter de faire peur aux gens, avant que des drames se produisent", a-t-il prévenu. "Il faut arrêter avec ces amalgames, on n'a pas créé ce fléau, les musulmans veulent vivre dans la paix", a-t-il soutenu.