Le responsable de la cellule de conventionnement de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS), Mustapha Ghalmi a indiqué que les cliniques privées d'hémodialyse étaient désormais contraintes, de préparer à la greffe, deux dialysés par an au moins. Dans une déclaration à l'APS, le spécialiste a précisé que la CNAS a procédé à la révision d'une convention conclue avec les cliniques privées d'hémodialyse, en introduisant des clauses faisant obligation à ces établissements de préparer deux malades dialysés par an pour une transplantation rénale. Adopté par le gouvernement, le nouveau texte prévoit la facilitation des opérations d'hémodialyse dans les cliniques en introduisant l'utilisant de la carte chiffa, a indiqué le Dr Ghalmi. Les cliniques privées, a-t-il ajouté, sont désormais contraintes de faire un bilan pré-greffe d'au moins deux malades par an, et ce en coordination avec le ministère de la Santé et les centres de référence spécialisés en la matière. 500 opérations qui viendront s'ajouter à celles programmées par les centres de référence relevant du secteur public seront pratiquées dans le cadre de cette convention, ce qui va réduire, a-t-il estimé, le nombre d'insuffisants rénaux soumis à l'hémodialyse, un procédé aux complications lourdes sur le long terme. Selon le responsable, une conjugaison des efforts s'impose pour la prise en charge du nombre croissant d'insuffisants rénaux en Algérie, estimés à près de 20000 cas, un chiffre appelé à passer à 30000 à l'horizon 2020. Les patients souffrant d'insuffisance rénale ont bénéficié jusqu'à présent d'une bonne prise en charge, la situation financière des caisses d'assurances aidant, a soutenu le responsable qui a toutefois mis en avant la nécessité de passer au prélèvement d'organes sur les cadavres comme c'est le cas dans certains pays occidentaux et musulmans. Il a cité l'exemple de la France où 3000 transplantations d'organes prélevés à partir de cadavres sont pratiquées ou l'Espagne avec 6000 greffes formant le souhait que l'Algérie puisse réaliser autant d'opérations à l'avenir. M. Ghalmi a salué à cet égard la dernière décision du ministère de la Santé pour la relance de la greffe d'organes, l'encouragement du prélèvement à partir de cadavres et la création de l'Agence nationale des Greffes. Concernant la décision de conventionnement entre la CNAS et les cliniques privées, le spécialiste a estimé que cette décision faisait suite à l'incapacité du secteur public à répondre aux attentes des insuffisants rénaux dont le nombre ne cesse d'accroître. Pour ce qui est du nombre de cas pris en charge par la CNAS au niveau des cliniques privées durant les dernières années, le Dr Ghalmi a souligné que le nombre était en constante évolution passant de 6449 cas en 2010, pour un coût estimé à 5371 920 669 DA, à 7836 cas en 2012 (6 879 233 358 DA) puis à 9000 cas en 2014 (2 000 000 000 DA). La prise en charge d'un malade coûte à la CNAS 156 millions de centimes outre les frais de transport et des traitements antianémiques, a détaillé M. Ghalmi pour qui ces dépenses n'incluent pas les remboursements des journées d'arrêt de travail du malade ni les tarifs des repas dispensés par les cliniques privées. Le nombre de cliniques privées conventionnées avec la CNAS est passé de 118 en 2010 à 126 en 2012 et 129 en 2014, a encore fait savoir M. Ghalmi. S'agissant de la répartition des cliniques d'hémodialyse à travers le territoire national, le spécialiste a déploré l'absence de ces établissements dans certaines régions du Sud et des Hauts Plateaux, plaidant pour l'élaboration d'une carte sanitaire pour définir les besoins réels de chaque région en matière de soins. Prise en charge des insuffisants rénaux: défaillance de certaines cliniques privées (FNIR) La Fédération nationale des insuffisants rénaux (FNIR) a relevé des défaillances dans la prise en charge des séances d'hémodialyse dans certaines cliniques relevant du secteur privé, selon son porte-parole, Mohamed Boukhors. Ces cliniques "ne donnent pas les doses d'hormone antianémique" en fonction des besoins du malade, a affirmé M. Boukhors à l'APS, attribuant le fait à la convention signée entre ces dernières et la caisse nationale de sécurité sociale (CNAS) qui ne fixe pas le dosage à prescrire. Il a déploré à ce propos le calvaire que vivent les insuffisants rénaux qualifiant leur situation de "catastrophique" d'autant que les cas d'anémie augmentent de plus en plus chez ces malades. Il a par ailleurs dit ne pas comprendre l'exigence de la CNAS que les séances d'hémodialyse soient supervisées par un néphrologue au niveau des cliniques privées conventionnées. L'opération peut être effectuée par un réanimateur ou un anesthésiste, a-t-il soutenu précisant que le néphrologue ne fait que prescrire le traitement et suivre le malade avant de l'orienter vers l'hémodialyse lorsqu'il arrive à un stade avancé de la maladie. Il s'est par ailleurs interrogé pourquoi la CNAS ne prend elle pas en charge la dialyse péritonéale au domicile du malade assuré. Parmi les problèmes auxquels font face les insuffisants rénaux, le porte parole de la FNIR a cité la pose de la fistule pour faciliter la dialyse qui nécessite le transfert des malades vers les cliniques privées les obligeant à assumer le cout de l'opération estimé à 20.000 dinars pour les adultes et 30.000 dinars pour les enfants. Cette opération peut se faire en milieu hospitalier pour alléger les dépenses du malade, a préconisé M. Boukhors. Le même constat a été fait par le porte parole de la FNIR concernant la pose du cathéter, déplorant que "plusieurs malades soient contraints de payer 8.000 dinars pour cette opération et 120.000 DA lorsqu'il s'agit d'un sujet jeune, a-t-il ajouté. M. Boukhors regrette que la prise en charge de ces dispositifs par la sécurité sociale ne concerne que trois cliniques seulement au niveau national (Alger et Annaba). Le malade ne peut les acquérir qu'au bout de 15 jours malgré l'urgence. Après l'accord de la CNAS il doit se déplacer vers ces cliniques privées (Alger, Annaba) ou des examens supplémentaires et couteux lui sont prescrits. Le porte-parole de la Fédération a indiqué avoir adressé plusieurs correspondances au ministère du travail, de l'emploi et de la sécurité sociale concernant l'état de l'hémodialyse et les pratiques des cliniques privées à l'insu de la CNAS. Aucune suite ne m'a été donnée, a-t-il affirmé. Il a également demandé au ministère de la solidarité nationale de lui remettre une copie de la convention conclue avec la CNAS mais le ministère a refusé, a-t-il ajouté.