Uniquement 10% des personnes souffrant d'insuffisance rénale chronique terminale ont la latitude de bénéficier d'une greffe à partir de donneurs vivants. Le reste continuera à dépendre de la dialyse jusqu'à ce que l'environnement soit adapté au prélèvement d'organes sur les cadavres. 95 cliniques privées d'hémodialyse sont conventionnées avec la Cnas. Le professeur Si-Ahmed Mehdi, chef de service de la greffe rénale au CHU de Blida, a indiqué, hier à l'APN, au cours d'une journée parlementaire sur l'insuffisance rénale organisée conjointement par la Fédération nationale des insuffisants rénaux (Fnir) et la commission de la santé de l'Assemblée nationale, qu'actuellement, 13 500 personnes, souffrant d'une atteinte rénale chronique terminale, sont mises sous dialyse. Eu égard à la prévalence de la maladie qui donne 3 500 nouveaux cas chaque année, la population des dialysés atteindra les 60 000 personnes dans dix ans. “Tout le budget du ministère de la Santé ne suffira pas alors pour les prendre en charge”, a prévenu le spécialiste. À partir de là, il ne cessera de plaider pour la promotion de la greffe rénale, notamment à partir de donneurs cadavériques. Il soulignera que jusqu'alors, l'option d'une greffe grâce à un donneur vivant apparenté s'offre à uniquement 10% des malades. Les autres gardent un espoir bien mince en le prélèvement d'organes sur les personnes au stade de mort encéphalique. De 1986 à nos jours, sur les 500 greffés, opérés en Algérie, seuls quatre ont reçu un rein prélevé sur un mort. La statistique est faible. “Pourtant, nous sommes condamnés à nous développer dans ce domaine”, a asséné le Pr Si Ahmed. D'autant que les besoins de greffes rénales sont évalués à 1 000 par an et ceux du foie à 100 par an. Les chiffres sont aussi importants concernant la transplantation du pancréas, du cœur… Les participants à la journée parlementaire ont d'ailleurs mis en exergue le fait qu'un mort peut sauver au moins quatre vies en faisant don de quatre organes vitaux, mais aussi des tissus comme la cornée. Il est dit, à ce niveau, que l'Algérie est le seul pays arabe qui importe la cornée de l'étranger. Le Pr Si Ahmed, mais aussi son collègue le professeur Aberkane (ancien ministre de la Santé) ont recommandé alors d'enrichir la loi dans le sens de l'élargissement du cercle des donneurs à tous les membres de la famille (cousins, tantes, oncles, les grands-parents…), ainsi qu'aux conjoints et à la belle-famille. Il a insisté aussi sur la nécessité d'établir un plan de greffe qui consistera à recenser les morts encéphaliques survenues dans les pavillons des urgences et les moyens dont disposent les structures impliquées dans le prélèvement d'organes sur cadavre, et enfin fixer des objectifs pour la transplantation d'organes dans le pays. Le professeur Aberkane a estimé que le retard constaté dans la transplantation d'organes relève d'une volonté politique et de moyens. Pourtant, elle permettra une économie substantielle pour le budget de l'Etat, puisque le coût d'une greffe équivaut à une année de prise en charge d'un dialysé. Il a évoqué, dans la foulée, l'Institut du rein et des greffes d'organes qui peine à démarrer, bien que sa création soit instiguée par le président de la République, depuis presque dix ans. Mohamed Boukhors, membre du bureau exécutif de la Fnir, a exposé les préoccupations des malades dialysés, qui font face à d'énormes dépenses. Il a rapporté que la fistule est acquise entre 10 000 et 26 000 DA, le cathéter (accessoire de dialyse d'urgence) coûte 8 000 DA, les poches de sang traité sont vendues à 2 000 DA l'unité… Ce matériel devrait, dans l'absolu, être offert par l'hôpital ou du moins remboursé par la Cnas. Il a ajouté qu'aucun service de néphrologie ne dispose de kits pédiatriques, ni de l'hormone de croissance. Il a soutenu également que les déchets de soins de dialyse sont jetés avec les ordures ménagères, sans aucune mesure de précaution contre les risques d'infection. Il a fustigé, en outre, les cliniques de dialyse privées qui trichent, selon son témoignage, sur la durée de la séance et font payer les patients des suppléments d'ordre divers. Selon un représentant du ministère du Travail, 95 structures privées de dialyse sont conventionnées avec la Caisse nationale de sécurité sociale.