La situation demeurait instable au Yémen où de violents combats faisaient encore rage lundi, opposant à Aden, dans le Sud du pays, des rebelles chiites aux partisans du chef de l'Etat, alors que la communauté internationale a exprimé son inquiétude quant à la situation humanitaire et du nombre très élevé de victimes civiles, appelant à des pauses humanitaires. Les combats, qui se poursuivent, à Aden, la deuxième ville du Yémen, se sont soldés depuis dimanche par "la mort de 17 civils et de 10 combattants des comités populaires" (partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi), selon une source médicale. De son côté, une source militaire a fait état de la mort de 26 rebelles. Les rebelles chiites et leurs alliés, des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui s'étaient emparés l'an dernier de la capitale Sanaa et de vastes régions du nord et du centre, ont réussi début mars à avancer vers Aden, prenant le contrôle dimanche du siège de l'administration provinciale et se rapprochant d'un port. Leur avancée se heurtait à la résistance de combattants des "comités populaires", ravitaillés en armes et munitions par une coalition menée par l'Arabie saoudite qui a lancé le 26 mars une opération militaire "Tempête décisive"contre ces miliciens chiites. Le dernier bilan officiel donné par l'ONU remonte à jeudi avec 519 morts et 1.700 blessés en deux semaines. Des pauses humanitaires pour sauver des civils Alors que le pays s'enfonce dans les violences, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont exprimé samedi leur inquiétude quant à la situation humanitaire dans ce pays et travaillent sur un projet de résolution, proposé par la Russie, visant à instaurer des "pauses humanitaires". D'un autre côté, sous la pression des ONG, la coalition a annoncé que le comité international de la Croix Rouge (CICR) pourrait acheminer dès dimanche des secours au Yémen par deux avions. "L'opération humanitaire fait partie de notre travail", a insisté le porte-parole de la coalition, le général saoudien Ahmed Assiri, sans toutefois accéder à une demande d'une pause de 24 heures dans les raids formulée par le CICR. "Nous ne voulons pas ravitailler les milices" ni que l'approvisionnement en aide interfère avec les opérations militaires, a ajouté le porte-parole. Samedi, le CICR avait lancé un appel à une trêve humanitaire de 24 heures au Yémen afin d'apporter un soutien médical à la population. Malgré des efforts intenses et des contacts répétés durant la semaine avec toutes les parties au conflit, le personnel et les fournitures médicales dont ont désespérément besoin les populations n'ont pas pu être acheminés, avait expliqué l'organisation internationale dans un communiqué. Le CICR avait demandé à ce que toutes les voies aériennes, maritimes et terrestres soient ouvertes sans délai pour au moins 24 heures afin de pouvoir aider les populations qui ont été coupées des secours après plus d'une semaine de raids aériens et de combats au sol. Quelque 48 tonnes de médicaments et de kits chirurgicaux attendent le feu vert pour partir pour le Yémen par avion ou par bateau, selon le CICR, qui précise que ceux-ci permettraient de traiter entre 2.000 et 3.000 personnes. Les réserves de médicaments et d'équipements dans les hôpitaux et cliniques qui prennent en charge les blessés sont en train de diminuer dans le pays où les populations souffrent de pénuries de carburant et d'eau alors même que les stocks de nourriture se raréfient. Le dialogue: seul moyen de mettre fin à la crise Le président de l'Assemblée nationale du Liban, Nabih Berri, a déclaré vendredi que son pays était prêt à accueillir le dialogue entre les parties ennemies du Yémen, car "c'est le seul moyen de mettre fin à la crise". M. Berri a affirmé qu'il a "suggéré dernièrement que le Sultanat d'Oman prenne l'initiative de proposer une solution à la crise yéménite, ce dernier étant en bons termes avec les différentes parties au Yémen". Il a souligné qu'"en cas de refus de tenir les discussions à Oman par toutes les parties, qu'on les laisse engager le dialogue n'importe tout, à Riyadh, Mascate, ou Alger, la chose importante étant qu'ils engagent le dialogue, car ce qui est en jeu est le sauvetage du Yémen".