Le vice-président du Conseil national économique et social (CNES), Mustapha Mekideche, a affirmé, mardi à Alger, que l'Algérie devait aller vers la transition énergétique "à marche forcée" afin de préparer l'après-pétrole. "La situation actuelle est celle d'un pays mono-exportateur d'une ressource dont nous n'avons aucune prise sur les prix. Nous sommes doublement vulnérables car nous n'avons pas de parade par une diversification" des ressources énergétiques, a déclaré M. Mekideche lors de la 19ème journée de l'énergie organisée par l'Ecole nationale polytechnique (ENP). Soulignant que l'Algérie devrait penser à sortir de la rente, il a considéré que le pays devrait mettre en oeuvre une transition énergétique vers le développement durable à l'instar de plusieurs pays qui oeuvrent à améliorer leur mode de vie en accueillant cette perspective comme étant un "maillon fort" pour le développement et la satisfaction des besoins de leur population. Pour réussir cette perspective, l'Algérie doit axer ses efforts sur les économies d'énergie, la rationalisation de la consommation, le développement des énergies renouvelables, le recours au gaz de schiste quand la technologie sera respectueuse de l'environnement et la formation des hommes, a-t-il insisté. Le pays serait appelé à envisager cette perspective comme une alternative aux hydrocarbures fossiles, dont les réserves ne seront pas en mesure de satisfaire les besoins énergétiques, de plus en plus en hausse, à très long terme, a relevé cet ex. cadre dirigeant à Sonatrach dans son exposé. Avec des hypothèses de taux de croissance économique de 3% et d'un taux de croissance démographique de 1,6% par an sur la période 2007-2030, le taux de croissance de la demande énergétique serait compris entre 2,8% et 4,3% par an pour la période de projection, selon le bilan énergétique national du ministère de l'Energie, cité par M. Mekideche. Selon les prévisions de l'un des scénarios élaborés, le marché algérien devrait absorber en énergie primaire une quantité de 61,5 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en 2020 et de 91,54 millions de tep en 2030. Pourtant, a tenu à relever le même intervenant, ces projections ont été élaborées en se basant sur un scénario d'une consommation énergétique faible. Il ressort du constat établi par le vice-président du CNES que le défi de l'Algérie est d'asseoir une véritable industrie de l'énergie renouvelable, en soulignant que le Programme national de développement des énergies renouvelables réactualisé, adopté récemment par le gouvernement, entrait dans ce cadre. Les modifications apportées à ce nouveau programme, visant à produire 22.000 MW d'électricité à partir de sources renouvelables à l'horizon 2030, ont pour objectif d'établir une meilleure connaissance du potentiel national en énergies alternatives, notamment pour le solaire et l'éolien, suite aux études engagées dans ce domaine, a-t-il renchéri. Le nouveau texte intègre également la baisse des coûts des filières photovoltaïque et éolienne, qui s'affirment de plus en plus sur le marché pour constituer des filières viables, et prévoit le parachèvement d'une réglementation nationale cohérente et attractive en direction des investisseurs. La consistance de ce nouveau programme à réaliser pour les besoins du marché national sur la période 2015-2030 est de 22 000 MW, dont plus de 4.500 MW à réaliser d'ici 2020. La mise en oeuvre de ce programme va permettre d'économiser 300 milliards de m3 de gaz naturel qui est l'énergie utilisée actuellement en Algérie pour générer de l'électricité, sachant que ce volume de gaz représente environ 8 fois la consommation nationale gazière de l'année 2014.