La grande bataille de Souk Ahras qui s'est déroulée il y a 57 ans, le 26 avril 1958, à Oued Chouk, constitua ‘‘un tournant important dans l'histoire de la Révolution'', a-t-on souligné dimanche lors du forum d'El Moudjahid, organisé exceptionnellement à Souk Ahras. Le président de l'association des anciens moudjahidine du MALG (ministère de l'armement et des liaisons générales), Daho Ould Kablia, a rappelé que plusieurs assauts des combattants de l'Armée de libération nationale avaient ciblé les lignes Morice et Challe pour acheminer des armes et des munitions à l'intérieur du pays. Au cours de ce forum, déplacé à Souk Ahras à l'initiative de l'association Machaâl Ech-Chahid, et qui a rassemblé un grand nombre de moudjahidine et de citoyens aux côtés des autorités locales civiles et militaires, Ould Kablia, soulignant que les Djounoud de l'ALN étaient âgés entre 20 et 30 ans, a appelé les jeunes d'aujourd'hui a "tirer les leçons de ces sacrifices pour pérenniser la paix et la stabilité du pays". Il a également souligné que la bataille de Souk Ahras avait retenu l'attention de l'opinion publique en France et semé l'effroi dans les rangs de l'ennemi. Il a évoqué, dans ce contexte, la stratégie adoptée par l'ALN entre le 1er janvier et le 6 avril 1958, "période au cours de laquelle 9 grandes opérations ont été lancées pour faire face au dispositif ennemi". M. Daho Ould Kablia a mis l'accent sur le rôle du MALG dans le triomphe de la Révolution, ainsi que sur l'apport de Si Mabrouk (Abdelhafid Boussouf), qui fut "une école de militantisme et une référence en matière de vigilance et de capacités d'organisation, et qui avait saisi très tôt l'importance de mobiliser la jeunesse instruite qui allait se surpasser". De son côté, le colonel Hocine Senoussi, ancien cadre du MALG, a souligné que Souk Ahras, haut lieu du patrimoine historique, fut aussi une région qui donna à la Révolution une base pour l'armement, et dont il a présenté un aperçu historique depuis 1956 au Maroc en passant par les bases et des ramifications en Tunisie, en Libye, en Egypte, en Europe et dans le monde arabe, constituant ainsi, dès janvier 1960, une "toile parfaitement organisée". Cette rencontre du souvenir et de l'évocation a été marquée par une vive émotion des acteurs de la grande bataille de Souk Ahras, encore de ce monde. Ils se sont recueillis avec des jeunes, la plupart des étudiants, sur le théâtre de la bataille, à Oued Chouk. L'un de ces témoins, Mohamed Ghenam, a rappelé que cette bataille mémorable qui a duré toute une semaine s'est poursuivie au corps à corps et à l'arme blanche. Djamel Ouarti, professeur d'histoire à l'université de Souk Ahras, a souligné pour sa part que ce fut "l'une des plus importantes batailles de l'armée libération nationale". La puissance de feu était nettement à l'avantage des français, mais les troupes de l'ALN ont pu réussir plusieurs percées dans les rangs ennemis et briser l'encerclement pour arriver jusqu'à la wilaya III (Kabylie), notamment l'officier Aït Mehdi, dit Si Mokrane qui a été reçu par le colonel Amirouche. Le même universitaire a aussi rappelé que 639 martyrs sont tombés au champ d'honneur. Ce fut à ce titre, a-t-il dit, un bataille d'envergure nationale,et un haut fait d'arme reconnu par les officiers de l'armée française eux-mêmes. Au terme de ce forum, quatre moudjahidine ont été décorés de la médaille de la mémoire, tandis que le premier wali de Souk Ahras, nommé en 1984, Abdelkader Aïssaoui, a été honoré à cette occasion, cependant que l'assistance entonnait le chant "Mes frères, n'oubliez pas les martyrs", sous des youyous stridents.