Le président du tribunal criminel d'Alger a suspendu lundi le procès de l'affaire de l'autoroute est-ouest dans laquelle sont impliquées 16 personnes et sept entreprises étrangères, qui devrait reprendre mardi avec la poursuite de l'audition du principal, Chani Medjdoub. Le début des auditions des 16 accusés dans cette affaire avait concerné Ouazzane Mohamed, puis Chani Medjdoub. Celui-ci avait notamment nié devant le tribunal criminel d'Alger au début de son audition, en bloc ses déclarations contenues dans l'arrêt de renvoi. Chani Medjdoub, propriétaire d'un cabinet conseil au Luxembourg, a nié en bloc ses ''déclarations contenues dans l'arrêt de renvoi'', car elles ont été obtenues, selon lui, ''sous la pression''. Il a également récusé les accusations portées contre lui et mentionnées dans l'arrêt de renvoi de versement '' pots de vin'' à des responsables du ministère des travaux publics en contrepartie de l'obtention de projets pour l'entreprise chinoise Citic-Crcc. La reprise mardi du procès devrait donner plus d'éclairage sur son implication ou pas dans cette affaire dans laquelle sept entreprises étrangères, dont des groupes chinois de construction, sont impliquées également. Par ailleurs, plusieurs ex-hauts responsables et des ministres dont certains en activité ont été cités dans l'arrêt de renvoi de cette affaire, qui a éclaté en 2009. L'arrêt de renvoi est revenu en fait sur les tenants et aboutissants de cette affaire de corruption et de passation douteuse de marchés publics dans laquelle 16 personnes et sept entreprises étrangères (en tant que personnes morales). Après la lecture de l'arrêt de renvoi, le président du tribunal criminel d'Alger avait suspendu l'audience, qui avait repris vers 14 heures avec les premières auditions du principale accusé, Chani Medjdoub, autour duquel tourne toute cette affaire. La reprise la veille du procès s'était déroulée en présence de l'ensemble des collectifs de défense des 23 accusés et de 15 témoins sur les 27 (un témoin étant décédé) dans cette affaire, qui a éclaté en 2009. Ce procès avait été reporté à deux reprises début 2015, rappelle t-on. L'acte d'accusation à l'encontre des personnes (physiques et morales) impliquées dans cette affaire porte sur des délits ''d'association de malfaiteurs, corruption, blanchiment d'argent, trafic d'influence et dilapidation de deniers publics''. Selon le même document dont l'APS détient une copie, les accusés avaient reçu des pots-de-vin en dollars et en euros versés par des compagnies étrangères dans des comptes offshore et des paradis fiscaux, qui voulaient obtenir, par des "moyens détournés", des marchés dans les secteurs des travaux publics et transports. Il s'agit des projets de réalisation de l'autoroute Est-ouest, le projet du barrage de Kef Eddir dans la wilaya de Tipasa, des projets de tramways et enfin des projets de téléphériques à Constantine, Tlemcen, Skikda et Bab El Oued (Alger). En 2006, le marché pour la réalisation de l'autoroute Est-ouest a été attribué au groupe chinois "CITIC-CRCC", avec un coût de 6 milliards de dollars. Le projet s'étend sur 1 700 km avec un coût de 8 millions d'euros par kilomètre dont 1300 km destinés à la construction de 400 échangeurs, des rocades, des viaducs, 400 ouvrages d'art, 17 trémies et 350 aires de repos. Avant de déférer l'affaire au tribunal criminel, la défense a interjeté appel auprès de la Cour suprême en vue d'une décriminalisation de l'affaire. L'appel a été rejeté en novembre dernier.