Le président du tribunal criminel d'Alger a suspendu mercredi en fin de journée le procès de l'affaire de l'autoroute est-ouest, à l'issue de l'audition de plusieurs personnes et entreprises étrangères impliquées dans ce dossier. Trois des sept entreprises étrangères impliquées dans ce dossier ont nié devant le tribunal criminel d'Alger avoir payé une quelconque commission ou des pots de vin pour obtenir des contrats en Algérie. Le groupe espagnol Isolux Corsan (fabrication d'éléments de tramways), l'entreprise suisse Caraventa SA (fabrication de téléphériques) et l'italienne Pizzaroti, appelées à la barre, ont nié en bloc les faits portés sur l'arrêt de renvoi. Les représentants des trois entreprises ont indiqué qu'elles sont liées par des contrats-conseils pour l'étude du marché algérien confiée à une société de droit britannique dont Addou Sid Ahmed était le représentant. Interrogés par le président du tribunal si elles avaient payé directement Addou Sid Ahmed, un des 16 prévenus dans cette affaire, ou au compte de la société qu'il représente, les trois entreprises ont expliqué que l'argent a été viré au compte de la société et "non à Sid Ahmed Addou". Addou Sid Ahmed est accusé, selon l'arrêt de renvoi, "d'organisation d'une association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption et blanchiment d'argent". Addou Taj Eddine, également accusé "d'organisation d'une association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption et blanchiment d'argent", est également passé à la barre. Celui-ci a notamment parlé des circonstances qui l'ont conduit à connaître Amar Ghoul, actuel ministre des Transports et à l'époque des faits de cette affaire ministre des Travaux publics. Par la suite, Hamdane Salim Rachid, ex-directeur de la planification au ministère des Transports, a récusé lors de son passage à la barre toutes ses déclarations lors de l'instruction faites selon lui ''sous la pression''. ''J'ai été enlevé par le DRS (Direction du renseignement et de la sécurité), j'ai été détenu pendant quatre jours, j'ai été torturé, j'ai subi des pressions'', a-t-il dit lors de son audition. Par ailleurs, le représentant du groupe chinois Citic-Crcc, qui a obtenu un lot de réalisation du projet de l'autoroute est-ouest, a indiqué qu'il n'a jamais eu de relations avec Chani Medjdoub, le principal accusé dans cette affaire. ''Citic-CRCC n'a aucune relation avec Chani Medjdoub et n'a mandaté personne pour parler en son nom'', a affirmé à la barre le représentant du groupe chinois. De son côté, le représentant du groupe japonais Cojaal a réfuté tout versement de pots-de-vin contre l'obtention de marchés pour la réalisation de ce projet. Le représentant du groupe a indiqué au président du tribunal que Cojaal "n'a jamais versé" de pots-de -vin ou de commissions dans ce dossier, mais "juste la location de logements, de voitures et de camions au profit de Khelladi Mohamed dans le cadre du contrat avec l'Agence nationale des autoroutes (ANA)". Le procès doit reprendre jeudi avec l'audition des autres prévenus dans cette affaire. Le représentant du ministère public pourrait de son côté entamer son réquisitoire.