La Symphonie du Malouf, exécutée jeudi soir par l'orchestre symphonique national (OSN) et l'ensemble régional de Constantine, a fait vibrer tous les sens du nombreux public de la salle Ahmed-Bey de Constantine. Tantôt dynamique, tantôt émouvante, la musique si chère aux Constantinois a été sublimée dans une transposition musicale des plus réussies. Les musiciens, dirigés par le maestro Amine Kouider, ont offert, une heure et demie durant, des moments alliant passion, raffinement et sensibilité grâce à leur maîtrise tout au long de cette soirée inoubliable organisée dans le cadre du programme de la manifestation "Constantine, capitale 2015 de la culture arabe". La fusion tant entendue entre le Malouf et la musique universelle symphonique a fait apparaître l'artiste Abbas Righi, surnommé l'étoile montante du Malouf, sous son meilleure jour, entamant son tableau avec la qasida ‘‘Ya bahi El Djamel''. Les accords musicaux magnifiquement reliés, les vibrations du luth côtoient le son doux et riche du cor d'harmonie, alors que les acrobaties du qanoun ‘‘flirtent'' avec le son feutré du trombone dans un moment de pur de régal ponctué par un tonnerre d'applaudissements et des ‘‘bravo'' fusant de la salle. Après ‘‘Ayouha Saghi, Ilayka Mouchtaka'', Abbas enchaîne avec ‘‘Ya habibi''. La surprise de ce brassage musical, marqué par les youyous et les applaudissements d'un public conquis, n'avait d'égale que l'enchantement procuré par la subtilité de la musique de l'orchestre symphonique national et l'ensemble régional de Constantine. Accompagné de la chorale polyphonique d'Alger, l'OSN a entamé son programme avec un premier tableau pour exécuter les mouachahs ‘‘Lama Bada'' et ‘‘Bi Ladi Askara'', arrangés symphoniquement, avant que Moslem Rahal de l'orchestre symphonique national syrien, avec son naï (flûte traditionnelle), ne rejoigne l'orchestre pour présenter avec lui un morceau musical qui a ému l'assistance et provoqué les salves d'applaudissements d'un public enthousiaste venu en nombre. Au second tableau de cette grande soirée, un morceau intitulé ‘‘Qasantina'' est interprété, dans une fusion étonnante mais superbe, entre la zorna de Hocine Bouifrou, l'OSN et les sonorités des autres instruments de l'orchestre, le tout dans une parfaite communion avant que le ballet El Amel n'exécute le tableau ‘‘Rihla'' (voyage), reproduisant plusieurs genres musicaux algériens au cours d'une prestation haute en couleurs et en signification. A la fin du spectacle, organisé par l'Office national de l'information et la culture (ONCI), la ministre de la Culture, Nadia Labidi, qui a assisté au concert, a affirmé que cette prouesse musicale ‘‘doit être valorisée et doit voyager pour présenter notre patrimoine riche et diversifié''. Elle a considéré que l'universalité de la musique passe nécessairement par ce genre de fusion. De son côté, le maestro, Missak Baghboudarian, de l'orchestre symphonique national syrien, a déclaré à l'APS que ‘‘la curiosité'' d'écouter ce que pouvait ‘‘générer'' une fusion entre le malouf et l'orchestre symphonique l'a conduit à assister au spectacle. Estimant qu'il s'agit là d'une réussite, il a précisé que la musique ‘‘s'accommode toujours d'un arrangement étudié qui ne la dénature pas''.