Le procès de l'affaire Khalifa Bank a repris dimanche au tribunal criminel près la cour de Blida par les questions de la défense de l'accusé principal, Abdelmoumene Rafik Khelifa. Deux avocats assurent la défense de l'accusé, en l'occurrence Me Merouane Boumedjhouda et Me Nasserdine Lezzar qui avait demandé jeudi dernier au président du tribunal, le juge Antar Menouar, d'ajourner son intervention afin de lui permettre de disposer du temps nécessaire pour poser 66 questions à son mandant. Abdelmoumene Khelifa est poursuivi pour escroquerie, association de malfaiteurs, vol qualifié, faux et usage de faux en écriture bancaire, abus de confiance, trafic d'influence, corruption, détournement de fonds et banqueroute frauduleuse. L'interrogatoire du président du tribunal pendant deux jours consécutifs (mercredi et jeudi), a porté sur les dessous de la création de la banque, sa gestion, et sur les autres entreprises du groupe. L'accusé a nié avoir falsifié deux contrats d'hypothèque d'une villa d'un local, du même qu'il a nié les avoir utilisé pour contracter un crédit auprès de la BDL de Staoueli afin de financer sa banque. Quant à la gestion des filiales de la banque, l'accusé a expliqué qu'elle incombait à ses directeurs, et qu'il n'était pas en mesure de contrôler toutes leurs activités et transactions. Abdelmoumene Khelifa a réitéré, plus d'une fois, n'avoir jamais enfreint la réglementation du contrôle de change et a insisté sur "la bonne santé financière" de son entreprise, allant jusqu'à affirmé avoir laissé pas moins de 97 milliards de DA dans ses caisses lorsqu'il a quitté le pays en 2003. Le prévenu considère l'annonce de la faillite de sa banque dont l'actif était "supérieur" au passif, selon lui, comme étant un "vol organisé" des fonds, parlant de preuves "fabriquées" dans l'affaire. Il a également nié que Khalifa Airways remettait des cartes de gratuité de voyage sur ses lignes aux personnalités, affirmant qu'il sÆagissait juste de cartes de fidélité permettant de bénéficier de réductions sur les tarifs. Interrogé sur sa fuite à l'étranger, l'ex milliardaire a expliqué être parti pour éviter "des émeutes" et "un bain de sang" au pays, car il employait "plus de 22.000 personnes qui allaient se retrouver au chômage", a-t-il argué. Le lancement de ses chaînes de télévision avait pour objectif de "soigner l'image de l'Algérie à l'étranger", selon ses dires, et l'importation des stations de dessalement de l'eau de mer, qui étaient "en mauvais état et contenant de l'amiante", selon l'expertise, allaient "servir le pays menacé par la sècheresse". Devant le représentant du ministère public, Mohamed Zerg Erras, l'accusé a aussi nié en bloc les charges retenues contre lui. Par la suite, Abdelmoumene Khelifa a répondu aux questions de la défense de nombreux accusés, notamment sur des détails reliant leurs mandants à l'accusé principal. Détendu tout au long de l'interrogatoire, presque comme s'il ne mesurait pas la gravités des chefs d'inculpation retenues contre lui, l'ex surnommé "Golden Boy" ( le garçon en or) provoquait, par moments, des éclats de rire dans la salle lorsqu'il rétorquait à certaines remarques du juge par de l'humour. Créée en 1998, Khalifa Bank était gérée au début par Ali Kaci avant la nomination par le conseil d'administration de Abdelmoumene Khelifa à ce poste qu'il a occupé de 1999 à 2003. L'accusé avait été jugé en première instance en 2007 par contumace et condamné alors à la réclusion criminelle à perpétuité, dans le procès de l'affaire de la caisse principale de Khalifa Bank. Son jugement par contumace étant rendu nul après son extradition, Khalifa est actuellement jugé dans le même procès que les 76 accusés (5 sont morts), dont 21 prévenus, ayant introduit un pourvoi en cassation devant la Cour suprême, après la jonction de son affaire avec celle de 2007. Plus de 300 témoins comparaissent pour la deuxième fois de même que les victimes et partie civile. Des peines allant d'une année à 20 ans de prison avaient été prononcées en 2007, une cinquantaine d'accusés avait été relaxée.