L'ouverture du second front de la guerre de libération nationale n'a pas eu lieu le 25 août 1958, mais avait déjà commencé entre 1956 et 1957, a souligné mardi à Alger, l'historien Daho Djerbal lors d'une conférence sur les événements de cette autre phase cruciale de l'histoire de la révolution algérienne. "L'ouverture du second front qui constitue un geste politique de haut niveau vers l'ouverture de perspectives pour l'indépendance de l'Algérie, était en réalité une deuxième tentative, car cette opération avait commencé déjà entre 1956 et 1957", a indiqué le maître de conférence en histoire de l'Algérie contemporaine à l'université d'Alger, lors d'une rencontre commémorative de ces événements, organisée par Machaâl Echahid au forum d'El-Moudjahid. M. Djerbal a expliqué que, "lors de ces deux années, il n'y avait pas d'option politique mais il y avait une discussion et un débat de fond au niveau du Comité de coordination et d'exécution (CCE), qui a été élevé au plus haut niveau de la direction du FLN/ALN", précisant "l'existence de divergences sur les choix stratégiques et sur les moyens de mener le combat". La décision historique du CCE de porter la guerre de libération sur le territoire français "avait pour objectif principal d'instaurer un climat d'insécurité en France même, pour contraindre les autorités coloniales à y maintenir le maximum de troupes et de policiers afin d'alléger le dispositif de guerre qui pesait lourdement sur l'Armée de libération nationale en Algérie", a-t-il soutenu. Les actions de l'Organisation spéciale de la fédération de France le 25 août 1958, visaient, selon le conférencier, "à desserrer l'étau sur les moudjahidine, qui souffraient des conséquences du plan Challe entre autres, lequel avait porté des coups à près de 60% des effectifs de l'ALN". L'historien a relevé que "les actions exécutées en France avaient pris l'armée coloniale au dépourvu car ils étaient imprévisibles. Iles étaient également à caractère strictement militaire et stratégique ne ciblant que des objectifs de guerre". L'auteur du livre "l'Organisation Spéciale de la Fédération de France du FLN-Histoire de la lutte armée du FLN en France (1956-1962)", a fait savoir que l'ensemble des actions armées qui ont ciblé les services officiels français dont des manufactures d'armes, des poudrières, des réseaux de télécommunications et des moyens de transports, avaient faits 56 sabotages, 242 attaques, 82 morts et 188 blessés. Evoquant la répression qui s'en est suivie, Daho Djerbal a fait le parallèle avec les événements du Nord constantinois où les forces coloniales "n'avaient pas ciblé les auteurs des actes uniquement mais toute la population", ajoutant que "l'armée coloniale française avait mobilisé tous les moyens de répression pour mettre fin à la révolution en usant d'arrestations, d'exécutions sommaires, de disparitions forcées, et des contrôles systématiques". "La date du 25 août 1958 constitue une halte capitale dans l'histoire de la révolution algérienne dans la mesure où elle avait donné une visibilité à un peuple en lutte pour son indépendance, à l'attention du monde entier qui s'était rendu compte que la guerre d'Algérie pouvait gronder au sein même de la capitale du colonisateur".