Le constructeur automobile allemand Volkswagen est devenu en l'espace de quelques jours "géant aux pieds d'argile", déstabilisé par une affaire de logiciel anti-pollution fraudeur placé sur ses véhicules diesel, une tricherie dont la facture s'annonce incalculable. Les spéculations sur l'impact de cet incident d'ampleur mondiale vont bon train qu'il s'agisse de l'incidence financière ou du préjudice porté à l'image l'entreprise immaculée jusque-là. Volkswagen reconnaît ses torts et a affirmé que 11 millions de ses voitures dans le monde sont équipées du logiciel de trucage découvert aux Etats-Unis vendredi. La marque perdait dès lundi près de 15 milliards d'euros de capitalisation boursière, partis en fumée à la Bourse de Francfort, le titre ayant fini en baisse de 17,14%, entraînant dans son sillage les autres titres automobiles et des équipementiers en Europe. "Le dispositif en question était aussi présent dans d'autres véhicules diesel du groupe", selon un communiqué de Volkswagen, maison-mère des marques VW mais aussi Audi, Skoda, Seat ou encore Porsche. Le trucage réside dans une pièce électronique qui visait à contourner les tests anti-pollution. Techniquement, il s'agit d'un petit logiciel espion qui enclenchait au moment des tests un mécanisme interne de limitation des gaz polluants permettant au véhicule de passer l'épreuve sans encombre et de se voir décerner un certificat de bonne conduite écologique. Le reste du temps, la voiture contrevenait aux normes environnementales. La réputation d'un fleuron de l'industrie allemande, aux liens étroits avec la politique puisque l'Etat régional de Basse-Saxe en est actionnaire à hauteur de 20%, se voit sérieusement ternie. Les clients pour leur part s'indignent dans les allées du salon automobile de Francfort Karl-Heinz "Tout le monde le fait sans doute, mais on n'attendait pas ça de VW!". Le géant aux douze marques "est la plus grande entreprise allemande et jouit d'une réputation sans faille. Personne n'aurait imaginé que Volkswagen puisse mentir", ajoute-t-il, en craignant que les doutes ne se propagent aux concurrents Daimler et BMW, et aux équipementiers Bosch et Continental. Une onde de choc qui migre et ébranle l'industrie allemande Découvert aux Etats-Unis, les autorités estiment à 482.000 véhicules de marque Volkswagen et Audi, construits entre 2009 et 2015 et vendus localement, ont été équipés d'un logiciel capable de détecter automatiquement les tests de mesure anti-pollution. En Asie, les représentants de Volkswagen ont été convoqués par le gouvernement sud-coréen pour discuter des contrôles antipollution sur les véhicules du groupe, dans la foulée du scandale aux Etats-Unis, a annoncé mardi le ministère sud-coréen de l'Environnement. "Nous avons convoqué les représentants et les ingénieurs de Volkswagen à une réunion au ministère mercredi après-midi", a déclaré Park Pan-Kyu, directeur adjoint du ministère. Le mastodonte allemand, récemment couronné numéro un mondial des ventes devant Toyota, s'expose non seulement à des amendes pouvant atteindre 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros), mais aussi aux coûts - des millions voire des milliards de dollars- des rappels de tous les véhicules concernés, et à de possibles poursuites judiciaires de la part des propriétaires. Le géant allemand de l'automobile Volkswagen a indiqué lundi qu'il cessait jusqu'à nouvel ordre de commercialiser les modèles diesel quatre cylindres de ses marques VW et Audi aux Etats-Unis, après la révélation de cette tricherie. Les modèles diesel représentaient 23% du total des ventes de la marque Volkswagen en août aux Etats-Unis. Rien que de janvier à août, cette marque a vendu près de 240.000 voitures sur ce marché. Le mal est fait, même si le PDG de Volkswagen Martin Winterkorn a dit dimanche "regretter" avoir "déçu" ses clients après la révélation de soupçons de tricherie. "Je regrette personnellement, et profondément, que nous ayons déçu la confiance de nos clients et du public", a déclaré le patron du constructeur allemand au siège du groupe de Wolfsburg (ouest), promettant de coopérer avec les autorités américaines "pour établir les faits rapidement et de façon transparente". Cette tromperie pourrait se traduire par de très lourdes conséquences sur la première économie d'Europe dont l'emblème de la fiabilité et de la qualité sont de notoriété mondiale menaçant la croissance du pays où un emploi sur sept dépend de l'industrie automobile.