L'Algérie connaît, depuis ces dernières années, des situations météorologiques extrêmes à travers des pluies diluviennes, des canicules et des hivers rudes, perçus comme des effets des changements climatiques, a indiqué lundi un responsable de l'Office national de la météorologie (ONM). "Les dérèglements observés au cours de l'année hydrologique 2014-2015 est un exemple typique des changements climatiques auxquels l'Algérie pourra être confrontée", a affirmé M. Brahim Ambar en marge de la conférence internationale sur les changements climatiques et le rôle des technologies spatiales, organisée dimanche et lundi à Alger par l'Agence spatiale algérienne (ASAL) en partenariat avec le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies (BAS). Les services de météorologie ont observé des irrégularités climatiques en début novembre 2014 avec un automne puis un hiver très rigoureux marqués par des pluies diluviennes touchant les régions du nord dont notamment la partie Est. "Début novembre 2014, nous avons enregistré des précipitations dépassant les 70 mm en deux jours à Jijel et des pluies diluviennes sur la Saoura avec 200 mm au niveau de la région de Béchar. C'est exceptionnel", a-t-il observé. Le début de l'année 2015 a également été marqué par une succession de perturbations assez pluvieuses et une vague de froid balayant presque tout le nord du pays notamment à l'ouest avec des chutes de neige importantes. La situation a été aggravée par les pluies diluviennes enregistrées à Tamanrasset au début du printemps dernier, puis par une saison d'été avec des températures caniculaires dépassant la moyenne saisonnière ainsi que des pluies orageuses. Des précipitations atteignant 98 mm avaient été enregistrées en deux heures à Djelfa et à Constantine, soit l'équivalent des quantités tombées durant le seul mois de janvier: "C'est un phénomène extrême sans précédent", selon M. Ambar. La période 2014-2015 a connu des épisodes pluvieuses et orageuses assez importantes "dont l'impact socioéconomique est sans doute très important", estime-t-il. Paradoxalement, les conditions climatiques sont passées de pluies diluviennes et d'un hiver rude à un printemps sec, ce qui a impacté la production agricole qui a chuté de plus de 30%, a constaté le représentant de l'ONM. Augmentation du risque acridien Les services de la météorologie avancent aussi que l'augmentation des épisodes pluvieuses dans la région sahélo-saharienne fait augmenter le risque acridien. "Le climat a une forte influence sur l'activité acridienne qu'il faudrait surveiller de très près et mobiliser les moyens nécessaires pour faire face à d'éventuelles invasions", avise M. Ambar. Les pluies assez marquées enregistrées à Tamanrasset, à Illizi et dans le nord du Sahel sont un facteur qui encourage la formation d'essaims acridiens notamment durant la période automnale: "Un moindre coup de sirocco pourrait créer des couloirs d'invasion vers l'Algérie durant le printemps prochain", prévient-il encore. "La reproduction estivale du criquet au niveau de l'extrême sud algérien et le nord de pays du Sahel (Mauritanie, Niger et Tchad), favorisée par les conditions climatiques qui y ont prévalu cette année, est un phénomène rarement observé", a indiqué à l'APS Mohamed Lazar, chef de département de lutte anti-acridienne à l'Institut national de la protection des végétaux (INPV). Ces conditions climatiques ont forcé la vigilance de l'INPV qui a mobilisé son dispositif de lutte préventive composé d'équipes de prospection et d'un réseau de collecte d'informations auprès des nomades, des militaires et des voyageurs. Cet ingénieur souligne que le dérèglement du climat marqué par une forte fréquence des pluies va élargir la zone de reproduction estivale du criquet vers l'Algérie considérée, jusqu'à présent, comme zone de reproduction printanière.