Le gouverneur de la Banque d'Algérie Mohamed Laksaci a appelé à Lima (Pérou) à accélérer les réformes dans les différentes économies du monde, en vue notamment d'accroître la croissance, de diversifier l'économie et d'améliorer les conditions sociales. "Des réformes structurelles sont nécessaires dans les différents groupes de pays afin d'accroître la croissance potentielle, assurer la diversification économique et améliorer les conditions sociales et l'équité", a déclaré M.Laksaci vendredi lors de la réunion du Comité monétaire et financier du Fonds monétaire international (FMI) et qui s'exprimait au nom de l'Algérie, du Ghana, de l'Afghanistan, de l'Iran, du Maroc, du Pakistan et de la Tunisie. M. Laksaci a tenu à préciser que suivant les spécificités de chaque pays ou groupe de pays, les priorités "vont des réformes des marchés du travail et des produits aux réformes pour améliorer l'efficience des dépenses sociales, aux réformes des entreprises publiques et du secteur de l'énergie, à celles visant l'amélioration de l'environnement des affaires. Il a invité, à ce propos, le FMI à apporter son soutien aux réformes souhaitées par les pays émergents et en développement. "Nous encourageons le FMI, en collaboration étroite avec les institutions internationales appropriées, à focaliser son travail analytique et ses conseils en matière de politiques sur celles des réformes structurelles qui sont significatives au plan macroéconomique", a-t-il encore affirmé. Tout en rappelant la vulnérabilité des pays à faibles revenus face à un ralentissement prolongé de la croissance mondiale et à la faiblesse des prix des matières premières, l'intervenant a mis l'accent sur la nécessité d'un "soutien financier externe approprié afin d'atteindre leurs objectifs de forte croissance et de réduction de la pauvreté". Il a affirmé que certains pays émergents et en développement "devront recalibrer leurs politiques budgétaires tout en limitant les effets négatifs sur les dépenses d'infrastructure et sociales ainsi que sur la croissance de ong terme".Le gouverneur de la Banque d'Algérie a évoqué, en outre, la situation que connaissent certains pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord sur le plan humain mais également économique. "La croissance devrait rester modérée en 2015 et atteindre 2,5% mais elle est projetée à 3,9% en 2016 ", a-t-il souligné. " Dans ce contexte, les pays exportateurs de pétrole de la région enregistrent une faible croissance ainsi que des déficits budgétaires et extérieurs accrus. Bien que les dépenses budgétaires diminuent graduellement pour atténuer l'impact du ralentissement économique, les coussins budgétaires extérieurs s'amenuisent dans ces pays quoiqu'à divers rythmes", constate M. Laksaci. De son point de vue, la situation des pays importateurs de pétrole n'est pas, non plus, reluisante même s'ils ont bénéficié des prix bas du pétrole. Les gains de ces pays ont été "érodés dans certains cas par des préoccupations sécuritaires régionales qui ont déprimé l'activité touristique et l'investissement direct étranger ", a-t-il relevé. D'autre part, il a estimé que la levée des sanctions contre l'Iran devrait avoir des effets positifs sur le commerce intra-régional et l'activité économique dans la région, même s'il s'attend à des pressions temporaire sur les prix du pétrole. Concernant la situation économique au niveau mondial, le gouverneur de la Banque d'Algérie considère que "la reprise globale reste faible et inégale, avec une décélération de la croissance dans les pays émergents et en développement et une croissance moins forte qu'attendu dans les pays avancés ". Les perspectives globales sont, d'après lui, compromises par les risques d'une faiblesse durable des prix des matières premières, y compris en raison d'un ralentissement durable de l'activité dans certaines grandes économies. "La normalisation attendue de la politique monétaire aux Etats-Unis pourrait avoir un impact négatif sur la confiance des marchés et sur la stabilité financière dans les pays émergents et en développement ", a-t-il déploré. L'espoir reste permis, selon lui. La reprise dans la zone euro, la robustesse de l'économie américaine, le nouvel élan pris par l'économie japonaise et la transition, en Chine, vers une économie basée sur le marché sont des "développements positifs", dira-t-il. A cette occasion, il a exhorté tous les groupes de pays à mener des actions afin de faire face aux incertitudes et aux défis mondiaux. Laksaci réitère son appel à la réforme des quotes-parts Par ailleurs, M. Laksaci a affirmé attendre un renforcement du travail de surveillance du FMI et à son adaptation aux circonstances spécifiques des pays membres. "Nous soutenons les objectifs déclarés tendant à faire du FMI une institution plus agile, mieux intégrée et plus focalisée sur les besoins des pays membres. Cela nécessitera une adaptation continue des instruments et des lignes de travail ainsi que des ressources financières adéquates", a-t-il soutenu. M. Laksaci a appelé, une nouvelle fois, à la mise en application de la réforme de 2010 concernant les quotes-parts et la gouvernance. Une réforme bloquée en raison de sa désapprobation par les Etats-Unis. "Tout en appelant à une mise en oeuvre, dans les meilleurs délais, de cette réforme nous ré-exprimons nos attentes quant à la finalisation par le Conseil d'administration du FMI de son travail sur une solution intérimaire pour pallier au retard dans cette mise en £uvre", a déclaré le gouverneur de la Banque d'Algérie.