La «surenchère» version novembre 2011 de la Commission européenne, qui sera discutée en ce mois de décembre, n'est en fait que le prolongement de l'approche globale mondiale de la migration et la mobilité. Depuis 2005, date de son adoption, à ce jour, pas moins de 800 millions d'euros ont été affectés à des projets de migration dans les pays tiers. L'accent y était initialement mis sur la migration légale et illégale ainsi que sur les aspects de développement des migrations. Les changements proposés y ajoutent la protection internationale des réfugiés et la dimension extérieure de la politique d'asile de l'UE. Il s'agira notamment d'aider les Etats non membres à renforcer leurs systèmes d'asile, précisent nos sources de Migreurop. D'où seront puisés les financements nécessaires à ces projets ? L'Europe a-t-elle les moyens de sa politique ? Des questions qui s'imposent eu égard à la très grave crise financière dans laquelle elle se trouve actuellement et qui risque de durer encore longtemps. Car, outre leurs alliés du Sud non moins vulnérables, il va falloir compter sur l'irréversible agenceeuropéenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l'Union européenneFrontex. Les opérations de cet élément-cle de la stratégie de sécurisation des frontières sont surtout financées par l'Italie et la Grèce, les deux pays directement concernés par les flux migratoires et les plus touchés par la crise. Pour l'Italie, la mission baptisée Hermes 2011 engagée le 20 février dernier par Frontex – qui devait s'achever le 31 mars, mais a dû être prolongée en raison des pressions migratoires induites par les révoltes arabes – risque d'être compromise. Et pour cause, dans le plan opérationnel de cette mission mis en œuvre à sa demande, l'Italie joue le rôle principal en fournissant les moyens financiers et maritimes pour détecter et prévenir des franchissements de ses frontières. Des millions d'euros ont déjà été mobilisés pour les besoins du réseau d'experts déployé afin d'identifier les nationalités des migrants et rassembler des informations sur les réseaux d'immigration clandestine. Un soutien supplémentaire est prévu pour des opérations de retour auxquelles la France va apporter son concours en fournissant des moyens aériens et des capacités d'expertise. En Grèce, Frontex a lancé, le 3 mars, l'opération conjointe Poséidon 2011 qui prend le relais de Rapid Border Intervention Teams (Rabit). La nouvelle mission, qui s'achèvera fin 2011, a pour vocation de prévenir les flux de clandestins au niveau de la frontière avec la Turquie. Au premier semestre 2011, près de 20 000 migrants illégaux ont été détectés et 34 réseaux de passeurs démantelés. La Grèce, déjà fragilisée par la crise, se retrouve ainsi engloutie dans un autre bourbier : des dizaines de milliers de demandeurs d'asile et un arriéré de plus de 50 000 dossiers. Une situation qui a nécessité la mise en place, en juin 2011, d'un bureau européen d'appui en matière d'asile pour les besoins duquel le Fonds européen pour les réfugiés a débloqué plus de 14 millions d'euros en 2011. C'est dire que le Printemps arabe est venu agiter davantage l'Europe, la poussant à suivre de très près la situation en Afrique du Nord en particulier. Plusieurs mécanismes susceptibles d'aider à circonscrire le phénomène de la migration clandestine Sud-Nord sont à l'étude. Parmi lesquels, a été proposée, début novembre, l'affectation de budgets supplémentaires pour développer le commerce et l'investissement étranger direct dans la région à court, moyen et long termes. Aussi, dans la nouvelle approche globale des migrations seront également mis en débat d'autres dispositifs pour encourager les échanges entre jeunes Européens et jeunes du sud de la Méditerranée. Aussi, les programmes de partenariat et d'assistance, en cours, seront bientôt réexaminés en vue de mieux cibler les besoins actuels de la jeunesse du Sud ; la priorité sera donnée à l'Afrique du Nord.