Nedjma, le roman de Kateb Yacine, a été, de nouveau revisité par des universitaires, mercredi à Tizi-Ouzou à l'occasion d'un colloque sur la vie et l'oeuvre de cet écrivain-poète-dramaturge, organisée par la direction locale de la culture. Intervenant lors de la première journée de cette rencontre de deux jours, placée sou le thème "Kateb Yacine, écrivain aux multiples facettes", Ali Chebili, enseignant au département de français de l'université Mouloud Mammeri, s'est intéressé à l'écriture "polyphonique" dans le roman "Nedjma" et à travers laquelle, son auteur a opté pour "un style d'écriture qui rompt avec le roman classique et le nouveau roman". Par cette pratique nouvelle et inédite de l'écriture, Kateb Yacine a écrit "un chef-d'oeuvre littéraire inclassable dans la typologie des genres littéraires, Nedjma étant à la fois épique, dramatique et lyrique", a observé le conférencier, qui a relevé également, une rupture dans le style, Kateb ayant opté pour une écriture "circulaire" qui fait sortir le lecteur de sa passivité pour aller chercher le sens de ce qu'il lit, contre celle linéaire et explicite jugée "trop simpliste". Cette rupture, a ajouté M. Chebili, n'est pas uniquement au niveau de la forme d'écriture, amis aussi dans le fond, puisque Nedjma, qui est un récit historique, éthique et autobiographique, est aussi une "rupture idéologique et politique" avec le discours colonial. "Kateb Yacine, été le premier écrivain à avoir dénoncé les massacres du 8 ami 1945, commis par l'armée coloniale française contre le peuple algérien qui manifestait pacifiquement pour sa liberté"."La fuite de Lakhdar (personnage de Nedjma), de prison, exprime cette soif du peuple algérien à l'indépendance", a-t-il précisé. Pour sa part, Mohamed Lakhdar Maougal de l'université d'Alger, a estimé a propos de l'oeuvre de Kateb Yacine et notamment de son roman Nedjma, que "la préoccupation de ce dernier n'était pas d'écrire dans le genre romanesque mais de perturber ce dernier par la poésie et le théâtre". Ce colloque se poursuivra jeudi avec des communications sur "La symbolique de Nedjma" par Tighilt Mohamed Amokrane, dramaturge et enseignant de la langue française (Tizi-Ouzou) et "Le Cercle des représailles : une révolution qui s'annonce" par Aini Bettouche, Maitre de conférences et doyenne de la Faculté des Lettres et des Langues (Tizi-Ouzou). Une représentation théâtralisée de passages dialogués du "Cadavre encerclé" et d'autres textes de Kateb Yacine qui sera interprétée par des étudiants du département de français de l'université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, prévue au théâtre régional Kateb Yacine, marquera la clôture de cette rencontre sur la vie et l'oeuvre de l'auteur de Nedjma.