La Russie, qui mène depuis un mois des frappes aériennes contre les groupes terroristes en Syrie, continuait samedi de réaliser d'importantes avancées sur le terrain, au moment où les discussions internationales à Vienne sur la crise syrienne, impliquant pour la première fois l'Iran, se sont soldées par un consensus sur le maintien d'"une Syrie unifiée". Moscou, qui a déclenché le 30 septembre une campagne de bombardements aériens contre des cibles terroristes en Syrie, a annoncé, par la voix de son chef de l'opération militaire, le général Andreï Kartapolov, avoir détruit 1.623 "cibles terroristes" depuis le début de son intervention, soulignant que parmi les cibles touchées "786 camps militaires, 371 points fortifiés, 249 postes de commandement et 35 ateliers de fabrication de voitures piégées." Le général russe a assuré que le Front al-Nosra, la branche syrienne du réseau terroriste d'Al-Qaïda, et l'organisation terroriste autoproclamée "Etat islamique" (Daech/EI) ont rassemblé leurs forces dans la région de Hama, pour faire face à l'offensive en cours des forces syriennes. Sur le terrain, vendredi, au moins 89 personnes ont été tuées dans des attaques contre des bastions rebelles, dans les villes d'Alep et de Douma, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ces bombardements ont eu lieu alors que les principaux acteurs diplomatiques du dossier syrien étaient réunis à Vienne pour discuter d'un règlement politique à ce conflit meurtrier qui a fait plus de 250.000 morts depuis plus de quatre ans. Réunion de Vienne: avancées, espoirs et des accords Les 17 pays réunis à Vienne se sont entendus pour appeler le gouvernement syrien et les opposants à instaurer un cessez-le-feu, à participer à des négociations sous l'égide des Nations unies et à la tenue de nouvelles élections. Selon le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, les Etats-Unis, la Russie et l'Iran ont malgré tout convenu de continuer à travailler en vue d'une solution politique, qui a également annoncé que l'ONU allait être chargée de négocier un cessez-le-feu en Syrie. Le secrétaire d'Etat américain et son homologue russe Sergeï Lavrov ont estimé que la Syrie devait être préservée en tant qu'Etat unifié . De son côté, le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, a affirmé qu'ils ont "abordé tous les sujets, même les plus difficiles. Il y a des points de désaccord, mais nous avons suffisamment avancé pour que nous nous retrouvions, dans la même configuration, dans deux semaines." "Il y a un certain nombre de points sur lesquels nous nous sommes mis d'accord, notamment sur le processus de transition, sur la perspective d'élections et la façon dont tout cela devait être organisé ainsi que sur le rôle des Nations unies", a-t-il estimé. Dans le même sillage, le Haut-Représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, l'Italienne, Federica Mogherini, a pour sa part indiqué que "des problèmes importants subsistent, mais nous sommes parvenus à des points d'accord. Cette réunion n'a pas été facile, mais elle a été historique", ajoutant que la suite des tractations internationales sur la Syrie aura lieu "sous les auspices des Nations unies." Après l'accord sur son nucléaire, Téhéran aux discussions sur la Syrie La grande nouveauté de cette rencontre demeure la présence de l'Iran, qui participe pour la première fois à un exercice du genre, quelques mois après la conclusion d'un accord international portant sur ses activités nucléaires. Ceux qui ont tenté de résoudre la crise syrienne sont parvenus à la conclusion que, sans la présence de l'Iran, il n'y aura pas un moyen de parvenir à une solution raisonnable à la crise, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. "Il est désormais temps d'accorder à l'Iran une place à la table", a déclaré avant la rencontre M. Kerry, consacrant du coup le revirement de la position américaine, jusque-là hostile à toute participation de Téhéran à ce genre de discussions. Le secrétaire d'Etat américain a estimé que la rencontre de Vienne constituait "l'occasion la plus prometteuse de trouver une ouverture politique". Son homologue russe, Sergueï Lavrov, a fait écho à ces propos. "Nous avons enfin réussi à rassembler autour de la même table tout le monde sans exception", a-t-il dit. L'Iran s'est déclaré vendredi favorable à une période de transition de six mois en Syrie suivie d'élections permettant de déterminer l'avenir du président syrien Bachar Al-Assad. Dans leur communiqué commun, les participants aux pourparlers de Vienne, reconnaissent que "des divergences subsistent" mais qu'il est néanmoins "impératif d'accélérer tous les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre." Ils demandent à l'ONU de réunir des représentants du gouvernement syrien et de l'opposition afin de lancer "un processus politique conduisant à une gouvernance crédible, inclusive, non-sectaire, suivie d'une nouvelle constitution et d'élections." L'avenir politique du président Al-Assad reste la pierre d'achoppement des pourparlers, qui ont eu lieu en l'absence de tout participant de son gouvernement ou de l'opposition syrienne. Moscou et Téhéran s'opposent à ce que le président Al-Assad soit mis à l'écart du jeu, alors que les Etats-Unis, les Européens et les Saoudiens continuent de dire que cela est une condition nécessaire à tout règlement du conflit. De son côté, le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, a jugé "inacceptable" que les négociations politiques sur la crise syrienne dépendent du sort du président syrien Bachar Al-Assad, affirmant, dans ce sens, que "l'avenir du président al-Assad doit être décidé par le peuple syrien." Par Ramdane TAMANI