L'adoption d'une vision unifiée à long terme sur les prix gaziers, la sécurisation des approvisionnements et la promotion de l'utilisation du gaz naturel comme une énergie propre sont les principaux enjeux auxquels doit faire face le Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) qui se tiendra lundi à Téhéran (Iran). Le Forum se tiendra en présence de Chefs d'Etat ou de gouvernement des pays membres dont le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui se trouve, depuis dimanche, dans la capitale iranienne pour représenter le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à cette rencontre. Créé en 2001 dans l'objectif de défendre les intérêts des principaux pays exportateurs de gaz, le Fpeg n'a toujours pas pu y parvenir et demeure, près de 15 ans après, confiné à la seule tâche d'assurer un canal de dialogue et de concertation entre ses Etats membres. "Les pays membres du Fpeg ont atteint un tel degré de maturité qu'ils sont, désormais, en mesure de coopérer ensemble mais tout en étant en rivalité", a observé le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, qui a admis l'existence de rivalités et de concurrence entre certains membres du Forum. "Il ne faut pas oublier que certains membres de cette organisation sont des rivaux potentiels et que d'autres sont des rivaux actuels", a encore affirmé M. Zanganeh dont le pays prône un partage de marchés basé sur la proximité entre fournisseurs et consommateurs. Par rapport à d'autres gros producteurs comme le Qatar ou la Russie, l'Iran place les pays voisins au c£ur de ses destinations de gaz, et s'intéresse surtout à exporter du gaz à l'Afghanistan et au Kurdistan irakien alors qu'il en exporte actuellement au Pakistan, en Irak et à Oman. D'autres pays membres du Forum, notamment l'Algérie, le Venezuela et la Bolivie, partagent la même approche. En effet, la partie sud-ouest de l'Europe constitue le principal marché de l'Algérie laquelle est considérée comme étant un partenaire énergétique stratégique de l'Union européenne, alors que l'Amérique latine et les Caraïbes représentent le marché naturel pour le Venezuela et la Bolivie. En revanche, d'autres exportateurs potentiellement plus importants, à l'instar du Qatar, de la Norvège et de la Russie se sont lancés dans une large offensive de diversification de leurs marchés, observent des spécialistes. L'Algérie avait proposé, lors du sommet de ce Forum en 2013 à Moscou, une résolution portant sur certaines mesures appliquées de manière unilatérale par quelques pays consommateurs qui affectent négativement la stabilité du marché du gaz. D'ailleurs, cette proposition a été adoptée lors de la rencontre de Moscou et dont la déclaration finale avait appelé à renforcer la coordination des actions afin de protéger les intérêts des pays exportateurs de gaz dans tous les domaines, y compris les interactions avec les autorités de régulation des pays consommateurs. Pour la question des prix, la poursuite de l'indexation des cours de gaz naturel sur ceux du pétrole brut parallèlement à l'adoption d'une vision contractuelle à long terme reste la meilleure solution pour assurer des prix équitables, des revenus stables et pour garantir la durabilité des investissements pour le développement des ressources de gaz naturel. Nécessité d'adopter les contrats à long terme Dans cette optique, le ministre de l'Energie, Salah Khebri, assure que la question des contrats à long terme figurera dans l'ordre du jour du sommet de Téhéran. "Il y a un souhait croissant de la part des pays producteurs de gaz pour adopter les contrats à long terme comme référence fondamentale dans la fixation du prix du gaz naturel", a-t-il déclaré à l'APS en marge de la réunion ministérielle du Fpeg. Seuls les contrats à long terme "sont à même de garantir le financement des gros investissements gaziers", soutient-il, alors que "des pressions sont exercées par certains pays consommateurs contre cette option". Le Fpeg, avance-t-il, £uvrera à ce que ce type de contrat soit adopté dans toutes les transactions gazières. Par ailleurs, certains experts considèrent que le développement de l'industrie gazière devrait se faire indépendamment du secteur pétrolier. Ainsi, l'ancien représentant de l'Iran à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Faridun Barakashli, estime qu'il est important pour les pays membres du Fpeg d'adopter un programme de sortie des prix du gaz du "parapluie pétrolier" et "de faire attention au fait que le marché gazier devrait se développer indépendamment pour obtenir finalement son visage unique".de nouvelles routes gazières entre les différentes régions du monde. La géopolitique risque d'impacter le marché gazier Le gaz naturel se trouve, aujourd'hui, au c£ur de nouveaux enjeux géostratégiques: les principales réserves sont situées dans des régions instables sur les plans économique et politique. Ce qui pourrait avoir des conséquences sur les fondamentaux du marché gazier, soulignent certains instituts spécialisés dans les hydrocarbures en citant, entre autres, la crise du gaz russo-ukrainienne de janvier 2009 qui, selon eux, a mis en lumière une certaine "vulnérabilité" européenne. S'agissant de l'enjeu environnemental, les pays membres du Forum convergent sur l'importance de la promotion et de la rationalisation de l'utilisation du gaz naturel comme une énergie propre et sûre. C'est dans ce sens que la réunion ministérielle préparatoire du sommet a convenu à transmettre un message aux participants au sommet de l'ONU sur les changements climatiques prévu fin novembre à Paris (France). Créé en 2001, le Forum regroupe les principaux pays exportateurs de gaz, à savoir l'Algérie, la Russie, l'Iran, le Qatar, la Guinée Equatoriale, le Nigeria, le Trinidad et Tobago, la Libye, l'Egypte, la Bolivie, le Venezuela les Emirats arabes unis. Il regroupe aussi six pays observateurs: Irak, Norvège, Pays-Bas, Oman, Kazakhstan et Pérou. Le FPEG regroupe les pays détenteurs des deux tiers (2/3) des réserves mondiales de gaz, 40 % de la production mondiale de gaz et 60 % des exportations gazières. Les pays membres de ce Forum contrôlent, en outre, 38% des exportations de cette ressource via des gazoducs et 85% du gaz liquéfié.