Le gouvernement envisage de réviser, dans les prochaines années, sa politique de subvention des prix de façon à ce qu'elle cible les catégories sociales qui en ont le plus besoin, a affirmé mercredi le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa. Lors de sa réponse aux questions des membres de l'Assemblée populaire nationale (APN), soulevées au cours des débats en plénière sur le projet de loi de finances 2016 (PLF 2016), le ministre a réaffirmé le maintien du gouvernement de sa politique sociale mais tout en relevant la nécessité de revoir progressivement cette politique. "Effectivement, nous avons commencé à réfléchir (au niveau du gouvernement) que d'ici une, deux ou trois années, nous irons vers un ciblage des subventions", a répondu le ministre aux questions des parlementaires sur les augmentations proposées par le PLF 2016 sur les prix d'électricité et des carburants. En effet, ce projet de texte propose, notamment, d'ajuster le taux de la TVA pour passer de 7% actuellement à 17% sur la vente de gasoil, sur la consommation du gaz naturel dépassant 2.500 thermie/trimestre et sur la consommation d'électricité dépassant les 250 kilowatt-heure/trimestre. "Actuellement, il y a au niveau des différents ministères une (liste) des (personnes) les plus démunies. Nous passerons d'un système de subventions généralisées à celui de subventions ciblées. Mais nous allons le faire étape par étape", a ajouté M. Benkhalfa. A ce propos, il a observé que parmi les autres pays exportateurs de pétrole, il n'en existe aucun qui continue à consacrer 19 milliards de dollars aux transferts sociaux au moment où les prix du pétrole sont à leur plus bas niveau. Le ministre a réitéré que les nouvelles dispositions du projet de loi relatives aux augmentations des prix de produits énergétiques étaient bien étudiées et qu'elles n'allaient pas toucher les couches les plus défavorisées. "Ces nouvelles mesures sont également ciblées", a soutenu le ministre qui explique que pour le gasoil, les agriculteurs vont bénéficier d'un remboursement sur ces augmentations, et que pour l'électricité, 9 millions de familles algériennes n'allaient pas directement être touchées par l'augmentation des prix. "Mais si nous commencerons (le ciblage des subventions), nous devrions commencer d'une manière (progressive) pour que les aides soient (destinées) à ceux qui en ont besoin", a insisté M. Benkhalfa. Le ministre a également expliqué que ces augmentations prévues visaient à réduire l'important écart entre le coût de revient et le prix de cession. Se référant au rapport de conjoncture du 1er semestre 2015 du Conseil national économique et social (Cnes), présenté lundi dernier lors d'une réunion d'experts, le premier argentier du pays a argumenté que cette démarche du gouvernement consistant à réviser sa politique de subventions était "impérative" dans la conjoncture actuelle marquée par une baisse drastique des revenus d'exportation des hydrocarbures. "La situation actuelle nécessite (d'introduire) des changements. Certes, nous n'allons pas franchir les lignes rouges, mais nous devrions changer les mécanismes de gestion pour donner un nouveau souffle à l'économie du pays", a-t-il avancé.