L'Algérie a plaidé dimanche au sommet mondial sur le climat à Paris pour un accord «ambitieux», orienté vers l'action et fondé sur l'équité. Dans son discours, en fin d'après-midi, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a réaffirmé la détermination de l'Algérie à «oeuvrer» pour l'adoption d'un accord «ambitieux», avec la participation de tous, un accord, a-t-il dit, «orienté vers l'action, fondé sur l'équité», soutenu par une solidarité climatique, inspirée par le sens de l'appartenance commune à un destin planétaire partagé. Abdelmalek Sellal a mis en exergue la disponibilité de l'Algérie à travailler avec d'autres pays en vue d'augmenter son «ambition propre» et stimuler un «effort concerté et coordonné» en matière d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques. Soutenant qu'aucun pays n'est épargné par les effets du dérèglement climatique, Sellal a relevé que les changements climatiques sont un facteur multiplicateur des menaces sur la paix et la sécurité mondiales. Sur le plan africain, les présidents du Cameroun, du Nigeria, du Niger et du Tchad ont appelé, chacun dans son intervention, «sauver le lac Tchad», qui est en voie d'assèchement. La superficie du lac est passée de 25.000 km2 en 1960 à 2.500 km2. «Cette diminution a réduit la production agricole et halieutique et forcé les habitants à migrer», a déclaré le président du Tchad, Driss Deby, qui fait remarquer qu'n plus de son assèchement, «il est devenu un repère des terroristes». Par ailleurs, en marge de la plénière, le président français, François Hollande, et le Premier ministre indien, Narenda Modi, ont lancé officiellement l'Alliance solaire internationale, composée de 121 pays dont l'Algérie. La création de cette aliance, initiative de l'Inde, s'inscrit dans le cadre de la réclamation de son Premier ministre pour une «justice climatique» visant à donner, à la majorité de la population de la planète, l'accès à l'énergie solaire. Cette alliance, dont 51 pays africains sont membres, aura à fédérer les efforts des pays en développement, riches en ressource solaire, pour attirer les investissements et les technologies dans ce secteur et développer les usages de l'énergie solaire. Elle permettra une coopération entre les pays industrialisés, notamment les Etats-Unis, le Japon, la France, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, membres également, qui disposent de technologies et de financements et les pays en développement asiatiques, africains et latino-américains, possédant un potentiel solaire, en raison de situation géographique entre les Tropiques du Cancer et du Capricorne. La première journée du sommet a vu également les fondateurs de Microsoft et Facebook, Bill Gates et Mark Zuckenberg, s'engager pour sauver la planète. Sur les réseaux sociaux, les deux hommes ont annoncé leur engagement et leur ambition, en souhaitant, dans leurs secteurs respectifs, «résoudre le problème de l'énergie propre», en créant Breakthrough Energy Coalition qui ambitionne de financer des entreprises «innovantes» dans l'écologie. Au cours de la séance de matinée, les chefs d'Etat des grandes nations, notamment les plus pollueuses de la planète, ont lancé des signaux favorables et encourageants pour que le sommet aboutisse à un accord. Le chef d'Etat français a affirmé que «les bons sentiments, les déclarations d'intention ne suffiront pas, nous sommes au bord d'un point de rupture», ajoutant qu'au terme de la conférence, le 12 décembre prochain, «un accord doit être trouvé à Paris», un accord «différencié, universel et contraignant». Pour lui, «aucun Etat ne doit pouvoir se soustraire à ses engagements», faisant remarquer que les écarts de développement entre les différents pays doivent être «pris en compte». Le président des Etats-Unis, deuxième pays pollueur après la Chine, s'est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre de son pays. «Je suis ici en tant que dirigeant d'une des premières économies émettrices (de CO2) et c'est de notre responsabilité d'y remédier», a-t-il dit, promettant que les Etats-Unis réduiront leurs émissions de «26 à 28% d'ici à dix ans par rapport à 2005». Le président chinois Xi Jinping a, quant à lui, souligné que les pays développés devaient être «à la hauteur de leurs engagements», en parvenant d'ici à 2020 à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour financer des projets climat dans les pays du Sud et à «apporter un appui financier accru», au-delà de 2020, aux pays en voie de développement pour les aider à lutter contre le réchauffement climatique. Pour sa part, le président Vladimir Poutine a espéré un nouvel accord contraignant mais «souple», sans pour autant l'expliquer, rappelant que son pays a honoré ses obligations dans le protocole de Kyoto et a réduit ses émissions de gaz à effet de serre. Un peu moins optimiste, la chancelière allemande, Angela Merkel, partant du risque de ne pas pouvoir probablement parvenir à l'objectif de 2 degrés, elle a préconisé la promotion d'un monde avec de moins en moins de carbone, en envisageant d'autres approches sur les transports, l'énergie, le chauffage. Réunis au parc des Expositions du Bourget, lieu sous haute surveillance après les attentats terroristes de Paris (130 morts et 350 blessés), 150 chefs d'Etat et de gouvernement vont tenter, au cours de la première journée des travaux du sommet mondial sur le climat, d'orienter les négociateurs vers un accord qui puisse être, comme le souhaite la majorité des pays, «universel», «contraignant» et «différencié». A l'ouverture des travaux, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé les chefs d'Etat et de gouvernement à donner des instructions à leurs ministres et négociateurs «pour qu'ils choisissent la voie du compromis».