Un sommet hors norme pour un enjeu colossal ? Oui, si l'on tient compte du climat détestable qui nous propose la double injustice du terrorisme qui tue par balles et qui condamne la planète à une fin apocalyptique. Tout naturellement, Paris, transformée en forteresse voulue inexpugnable et en lieu de recueillement incontournable, entend concrétiser dans les faits le combat mondial pour sauver la terre du désastre annoncé. Depuis hier, autour du président français, Françoise Hollande, et du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, les 150 chefs d'Etat sont à pied d'œuvre pour entamer le long processus de résurrection tributaire d'un « accord climatique fort » revendiqué avec autant d'énergie par des centaines de milliers de manifestants affluant de toutes les capitales du monde. Sur les ondes de Radio France Inter, le président de la COP 21, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, affiche une sérénité à toute épreuve. « C'est la conférence de l'espoir qui peut changer beaucoup de choses », a-t-il déclaré. Un optimisme de bon aloi ? Tout reste possible au regard notamment des incertitudes traduites par le parcours chaotique de Kyoto, globalement dépassées par la prise de conscience mondiale sur les conséquences du dérèglement climatique perceptible, de l'Asie aux confins de l'Amérique, en passant par l'Afrique, dans le cycle ininterrompu des inondations et de la sécheresse. Le pire est à venir, selon les spécialistes qui estiment qu'au-delà du seuil de +2°C (nous en sommes à une trajectoire de + 3°C), le risque d'un monde plus hostile et moins sûr est de plus en plus grand. C'est précisément cette « ligne rouge » que les 195 participants (plus l'Union européenne), dont 183 ont publié des plans de réduction de leurs émissions, entendent conforter, au bout des deux semaines de débats et de négociations, par un engagement dûment validé par un accord définitif. Qu'en sera-t-il, dès lors, de la responsabilité du Nord et des grands pollueurs, tenus de respecter les promesses financières jusque-là jamais honorées avec le Sud ? Obama, dont l'héritage en faveur d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant des centrales nucléaires est incontestable, aura fort à faire dans son bras de fer avec ses rivaux républicains, mettant en doute les effets des changements climatiques sur l'économie américaine, et en conséquence sur la volonté de « mobiliser un soutien pour aider les pays les plus vulnérables à développer des énergies propres ». A un peu plus d'un an de son départ de la Maison-Blanche, Barack Obama a balayé d'un revers de main toutes les réticences. « En réalité, dira-t-il, nos entreprises et nos travailleurs ont montré qu'il était possible de faire des progrès vers un avenir faible en carbone, tout en créant de nouveaux emplois et en maintenant la croissance économique ». Les « progrès » américains de ces 7 dernières années, vantés par Obama, peuvent servir de locomotive pour les énergies dites « propres » inscrites dans le projet de la « Mission innovation » rassemblant 20 pays qui « représentent 80% du budget mondial dans la recherche et le développement ». Parallèlement, Washington a annoncé la création de « Breakthrough Energy Coalition », un groupe indépendant de 28 investisseurs privés piloté par le cofondateur de Microsoft, Bill Gates, qui doit servir de passerelle entre les nouvelles entreprises du secteur des énergies vertes, la recherche et le marché de l'énergie. Cette initiative s'interprète comme un message fort pour la conférence mondiale appelée à trancher dans le vif le choix cornélien entre les exigences du développement et la survie de la planète. A Paris, les 196 participants ont rendez-vous avec l'Histoire.