L'Algérie doit développer davantage son mix énergétique en améliorant notamment la part des énergies renouvelables afin de continuer à répondre à une demande interne en constante croissance, ont souligné, mercredi à Alger, des participants à la conférence de pétrole et gaz en Afrique du Nord. Lors d'une session consacrée à l'avenir de l'industrie pétrolière et gazière en Afrique du Nord, il a été constaté une hausse constante de la demande en énergie en Algérie, notamment le gaz naturel dont une grande partie est destinée à faire tourner les centrales électriques du pays, générant un impact direct sur les capacités d'exportation de cette énergie. Selon les statistiques, la production algérienne d'électricité tourne actuellement autour de 17.000 mégawatts (MW) pour une demande de 8.500 MW qui enregistre une croissance annuelle moyenne de plus de 5%. Ce volume de production a nécessité la mobilisation de quantités supplémentaires de gaz naturel initialement destiné à l'exportation, réduisant ainsi les capacités exportatrices de l'Algérie qui ont baissé de 10 milliards de m3 en moins d'une décennie pour s'établir autour de 44 milliards de m3, dont une grande partie (quelques 30 mds m3) est destinée au marché européen. Parallèlement, la consommation interne en gaz naturel s'est élevée à 33,7 milliards de m3 en 2014 contre 30 mds m3 en 2013. De même, la consommation globale d'énergie primaire a augmenté de 8,4%, passant à 52 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en 2014 contre 48 millions de tep en 2013, a-t-on fait valoir. "L'Algérie a un haut potentiel énergétique", a affirmé le directeur général de la succursale algérienne de la firme italienne Enel, François Gauthier, ajoutant que le groupe Sonatrach "connaît parfaitement ce potentiel et dispose des moyens et solutions pour en tirer profit". Ceci constitue, selon lui, "un avantage pour l'Algérie par rapport aux autres pays du voisinage maghrébin, notamment le Maroc et la Tunisie, qui n'ont pas encore défini leurs potentialités énergétiques". Le développement de l'utilisation des énergies renouvelables, notamment le solaire photovoltaïque, "constitue un important atout pour l'Algérie", a-t-il estimé. Le patron d'Enel Trade Algeria a, en outre, noté que le programme public de développement des énergies renouvelable constitue une expérience pilote et un exemple à suivre par les investisseurs étrangers, assurant que la compagnie qu'il représente "compte concentrer ses activités en Algérie dans le renouvelable sur les prochaines années". Il a, toutefois, émis le souhait que les autorités publiques mettent en place un cadre réglementaire garantissant à long terme la stabilité des prix de production d'électricité de source renouvelable. Interrogé par la presse, en marge de la session, sur les perspectives de la demande gazière en Italie et en Europe, ainsi que son point de vue sur le devenir du projet gazier algéro-italien Galsi, M. Gauthier s'est contenté d'assurer qu'Enel "a toujours besoin de gaz naturel pour faire tourner les centrales électriques qu'elle exploite un peu partout en Europe". Les hydrocarbures non conventionnels, une nécessité à long terme De son côté, Mehdi Haroun, du cabinet de consulting pétrolier King and Spalding, a soutenu que l'Algérie devrait aller, à long terme, vers l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, notamment le gaz de schiste dont elle dispose d'un important potentiel, et ce, "pour préserver sa sécurité énergétique, répondre à ses engagements contractuels internationaux et poursuivre le financement de son développement économique et social". Pour M. Haroun, les hydrocarbures non conventionnels devraient prendre leur place dans le bouquet énergétique de l'Algérie, tout comme les énergies renouvelables. A cet effet, il a suggéré d'améliorer l'attractivité de l'Algérie pour les investissements étrangers à travers une plus grande clarification du cadre réglementaire et fiscal. Par ailleurs, une table ronde sur les perspectives de l'industrie pétrolière et gazière en Algérie, animée par des représentants de compagnies étrangères, a également mis l'accent sur la nécessité d'engager l'effort d'exploration des hydrocarbures non conventionnels pour permettre à l'Algérie de conserver sa position d'exportateur.