Comptant parmi les plus importantes actions académiques de l'année 2015 en Algérie, le programme de coopération algéro-japonais "Sahara Solar Breeder" (SSB), dédié au développement des technologies solaires, est considéré par certains chercheurs comme une solution "ingénieuse et propre" face aux préoccupations énergétiques et environnementales de la planète. Symbole fort de la qualité de la coopération algéro-japonaise, le programme "Sahara Solar Breeder" (ou élevage de stations solaires) dont la phase étude a pris fin en 2015, après 5 années d'activités, été couronné par la mise au point d'une solution ingénieuse et propre basée sur le traitement du sable du Sahara. Le SSB est "le plus ambitieux de tous les programmes internationaux, pouvant à lui seul fournir jusqu'à 50 % de l'énergie dont la planète a besoin", soutient Pr Amine Boudghene Stambouli, le manager scientifique et technique de ce programme de coopération. "Le SSB répond mieux aux préoccupations de la planète en intégrant d'emblée la production de panneaux solaires et la localisation des centrales électriques sur les lieux de collecte de l'énergie dans son schéma global", explique cet enseignant-chercheur de l'Université des sciences et de la technologie d'Oran Mohamed Boudiaf (USTO-MB). Plus de 300 conférences et une trentaine de publications dans des revues scientifiques internationales ont mis l'accent sur l'intérêt du SSB qui intervient dans un contexte mondial caractérisé par une forte consommation énergétique et des émissions accrues des gaz à effet de serre. Cette problématique a été abordée, pour rappel, lors de la Conférence mondiale sur le réchauffement climatique (COP21) tenue du 30 novembre au 11 décembre derniers à Paris. "La communauté internationale se trouve confrontée au besoin de développer des énergies renouvelables comme sources alternatives aux énergies fossiles, non polluantes, inépuisables et qui deviennent progressivement la quintessence des problématiques alignant l'environnement sur le développement durable", observe Pr Stambouli. La problématique est prise en considération par l'Algérie qui a adopté une batterie de mesures à même de lui permettre de développer et valoriser ses potentialités. "La loi n°04-09 du 14 août 2004, relative à la promotion des énergies renouvelables dans le cadre du développement durable, en est un exemple", fait valoir le manager du SSB. Le Sahara, source d'énergie L'initiative algérienne comprend également la mise en place du Fonds national pour les énergies renouvelables (2010) ainsi que l'élaboration du Programme national pour le développement des énergies nouvelles et renouvelables et de l'efficacité énergétique, visant, à l'horizon 2030, à assurer la sécurité énergétique du pays tout en préservant l'environnement (40 % de la production électrique sera d'origine solaire et éolienne). Le SSB, qui s'inscrit parfaitement dans ces objectifs nationaux, a mis en évidence, à la lumière des résultats des différentes études techniques menées par les experts algériens et japonais, la faisabilité d'un projet d'envergure de production électrique à partir du Sahara en vue de son acheminement vers le nord du pays, via les câbles supraconducteurs. Le but ciblé à terme est d'utiliser le plus grand désert du monde, le Sahara, comme une source d'énergie. En effet, les déserts reçoivent amplement la lumière du soleil sur de vastes zones, et leurs sables contiennent beaucoup de silice, la matière première pour fabriquer le silicium entrant dans la composition des panneaux solaires. L'idée est donc de construire des usines de silicium et des centrales solaires dans le désert, afin de délivrer de l'énergie pour fabriquer davantage de silicium et créer plus de centrales électriques dans un processus dit "d'élevage". Dans le futur, ces usines pourraient fournir de l'énergie au niveau mondial, à travers les supraconducteurs qui se distinguent par leurs propriétés de transmission sans perte de puissance. Le SSB a été entériné en août 2010 par la signature d'une convention entre le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l'USTO-MB, et deux agences japonaises dédiées à la coopération internationale (JICA) et aux sciences et technologies (JSTA). Un consortium d'universités japonaises comprenant celles de Tokyo, d'Hirosaki, de Chubu, l'Institut National de l'Informatique (NII) et l'Institut National de Sciences des Matériaux (NIMS), est associé à ce projet. En plus de l'USTO-MB, deux autres établissements ont bénéficié du transfert de technologie favorisé par le SSB, à savoir l'Université Taher Moulay de Saïda (UTMS) et l'Unité de recherche en énergies renouvelables en milieu saharien (URER/MS) d'Adrar. L'USTO, université productrice de silicium Dans l'ensemble, le SSB a consolidé la plate-forme académique algérienne pour l'installation de cellules photovoltaïques, l'exploitation et l'acheminement de l'énergie produite à travers des lignes d'alimentation électrique utilisant des supraconducteurs à haute température. L'USTO-MB a bénéficié dans ce cadre de la création d'un centre de recherche dédié au développement des technologies solaires avec équipements, formation et le concours permanent d'experts. Une des plus importantes acquisitions enregistrées par l'USTO-MB consiste en un four à induction, équipement de pointe pour la production de silicium à un niveau inégalé de pureté, entré en exploitation en juin dernier. La dotation qui a hissé l'USTO-MB au rang de premier établissement universitaire algérien producteur de silicium, a ouvert la voie à une réflexion sur la possibilité de création d'une usine de fabrication de silicium dans le cadre du partenariat avec le secteur industriel. Les spécialistes nationaux caressent l'espoir d'une telle perspective avec beaucoup d'optimisme, eu égard à l'importance des ressources naturelles que recèle le pays tant au Sahara que dans d'autres gisements comme celui de Sig (Mascara) renfermant la roche dite diatomée (riche en silice). Le programme SSB a fait l'objet d'une évaluation globale le 29 septembre dernier au siège de l'Unité de développement des équipements solaires (UDES) de Bousmaïl (Tipasa), à l'occasion de la 5ème session du "Joint Coordinating Committee" (JCC / Comité conjoint de coordination, comprenant l'USTO-MB, la JICA et la JSTA). Après avoir passé en revue les réalisations accomplies en matière de recherche scientifique, de formation et d'équipement, les partenaires ont convenu de l'intérêt d'élaborer un plan d'action pour la poursuite du programme. Le SSB a été aussi au centre de cinq éditions du Forum Asie-Afrique sur l'énergie durable, tenues en alternance dans les deux pays, à savoir en août 2011 à Nagoya, en mai 2012 à Oran, en mai 2013 à Hirosaki, en mai 2014 à Oran et en mai 2015 à Tsukuba.