La République Centrafricaine s'apprête à organiser mercredi le premier tour des élections présidentielle et législatives dans le but de sortir de trois ans de violences intercommunautaires, qui ont entraîné l'un des pays les plus pauvres au monde dans une profonde crise sans précédent. Prévus initialement le 27 décembre dans la foulée d'un référendum constitutionnel, après plusieurs reports dus à l'insécurité persistante dans plusieurs régions, ces scrutins ont été de nouveau reportés au 30 décembre. Un report dû essentiellement aux retards d'acheminement logistique des bulletins de vote dans les zones reculées, à la tardive impression et distribution des cartes électorales et à une ultime formation express d'agents électoraux. Après une année de transition politique, année de renversement du président François Bozizé en mars 2013, trente candidats sont en lisse pour le premier tour de l'élection présidentielle qui doit ramener le pays dans la normalité institutionnelle. La Centrafrique qui compte 4,8 millions d'habitants, "les électeurs, chrétiens comme musulmans", se sont massivement inscrits sur les listes électorales et se pressaient nombreux dans les centres électoraux avant le vote pour récupérer leurs cartes électorales, déclarant, unanimes, "vouloir la paix et ne plus entendre le bruit des armes". 30 candidats en course, 4 favoris La Cour constitutionnelle de transition a retenu les noms de trente candidats, dont quatre sont donnés favoris: Anicet Georges Dologuélé, ancien Premier ministre 58 ans surnommé "M. Propre" pour sa gestion rigoureuse. Karim Meckassoua, candidat indépendant, 62 ans, à "la bonne réputation". Ergonome, il a été plusieurs fois ministre de François Bozizé. Martin Ziguélé, 58 ans, inspecteur principal des impôts. Considéré comme un homme à poigne, il est nommé Premier ministre en 2001 par l'ancien président Ange-Félix Patassé. Enfin, Bilal Désiré Nzanga-Kolingba, ancien député passé par la Banque mondiale et plusieurs fois ministre sous François Bozizé. Les défis du prochain président élu sont nombreux, cependant "mettre un terme aux violences" demeure l'"objectif principal" au même titre que la relance économique, dont la richesse des sous-sols a alimenté le conflit. Dirigée depuis une année par la présidente de transition Catherine Samba Panza, la Centrafrique tente de panser ses plaies et de redresser une économie ruinée. Les trois derniers chefs d'Etat du pays sont exclus du scrutin. Sécurité renforcée pour le bon déroulement du scrutin La Mission des Nations unies dans ce pays (Minusca) est mobilisée pour assurer la sécurité du vote et aider à l'acheminement du matériel électoral (urnes, bulletins). Les forces de sécurité nationales (armée, gendarmerie, police) commencent aussi à être mobilisées dans les points de friction entre milices anti-balaka et ex-rébellion Séléka. La force française Sangaris a également été déployée en deux points susceptibles de violences, à Bossangoa, fief de François Bozizé dans l'ouest, et à Kaga Bandoro, porte d'entrée de la zone dans laquelle l'ex-Séléka est toujours présente. Depuis le référendum, la situation s'est calmée. Les opérations de dépouillement et de centralisation des résultats par l'Autorité nationale des élections (ANE) s'annoncent d'ores et déjà longues. L'UA veillera sur la transparence du scrutin A la veille du premier tour des élections jumelées, le matériel de vote (bulletins, formulaires...) n'a pas encore été acheminé dans les quelques 2600 centres de vote. C'est à ce titre, que l'Union Africaine (UA) a fait appel à l'expertise d'observateurs africains en vue de superviser, d'observer et de contrôler la régularité du processus électoral dans ce pays d'Afrique centrale. Elle prend part à ces joutes électorales en raison des dispositions de la Charte africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance, ainsi que la Déclaration de Durban sur les principes régissant les élections démocratiques en Afrique. Cette équipe d'experts africains chargée par la Commission de l'UA d'assurer la transparence et la crédibilité de ces élections cruciales, sera conduite par l'ex Premier ministre sénégalais Souleymane Ndéné Ndiaye.