Ni Bozizé ni Djotodi ne prendront part à la présidentielle, comme c'est le cas aussi pour la présidente de transition, Catherine Samba Panza, en vertu des dispositions contraignantes de la charte de transition. C'est dans la journée du 30 décembre que le scrutin, initialement prévu le 27 du même mois, entend remettre sur les rails le processus électoral, amorcé par le référendum constitutionnel du 13 décembre, pour mettre fin à l'instabilité politique provoquée par le règne des groupes armés sévissant dans plusieurs régions. La succession des reports est également motivée par les retards d'acheminement des bulletins de vote notamment dans les zones les plus reculées, la tardive impression et distribution des cartes de vote et une ultime formation express d'agents électoraux. La question logistique est capitale, elle s'est fait nettement sentir dans l'étape cruciale du processus référendaire dont l'issue en partie a été compromise par la procédure de validation des votes et le rejet de nombre de résultats. Plus encore, elle reste d'une importance capitale pour l'enjeu de la participation pour les électeurs, musulmans comme chrétiens, de se rendre massivement aux urnes pour voter « la paix et ne plus entendre le bruit des armes ». La compétition est donc décisive pour les trois favoris du scrutin présidentiel, sur les 30 candidats en lice. Ce sont les deux anciens Premiers ministres du défunt président Ange-Félix Patassé, Anicet Georges Dologuélé et Martin Ziguélé, en lutte avec Abdoul Karim Méckassoua, ancien ministre du président François Bozizé, renversé en mars 2013. Dans l'épreuve des législatives, une inflation des candidats (1.800) soumis à la validation par l'Autorité nationale des élections (ANE) est enregistrée. C'est dire que le processus électoral risque d'en pâtir dans son aspect logistique. Les opérations de dépouillement et de centralisation des résultats par l'ANE s'annoncent d'ores et déjà longues. Mais pour garantir la crédibilité et la sécurité de ce double scrutin, la mobilisation de la Mission des Nations unies pour la Centrafrique permet un acheminement du matériel électoral (urnes, bulletins de vote...). Les forces de sécurité (armée, gendarmerie, police) sont déployées autour des régions de friction entre les milices rivales Seleka et anti-balaka, notamment l'enclave musulmane du PK-5, victime, lors du référendum, d'une attaque de la Seleka tuant 5 habitants acquis au vote. De son côté, la force française Sangaris s'affaire à contrôler les points chauds de Bossangoa, fief de François Bozizé dans l'ouest, et à Kaga Bandoro, considérée comme la porte d'entrée de la zone de la Seleka. Si le retour au calme a été jusque-là observé, il reste à espérer une issue démocratique à la tragédie centrafricaine. Le revirement constaté du numéro 2 de l'ex-Seleka et leader du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique, Noureddine Adam, annonçant sa participation au scrutin après avoir proclamé, le 14 décembre, une « République autonome » dans le nord-est du pays, est un indice éloquent.