La présidente de transition, Catherine Samba Panza, veut achever son intérim en remettant la Centrafrique sur les rails Les Centrafricains sont appelés à voter demain pour le premier tour d'une présidentielle et de législatives censées leur permettre de sortir de trois ans de violences intercommunautaires qui ont entraîné la RCA dans une crise profonde. Prévus le 27 décembre dans la foulée d'un référendum constitutionnel, le 13 décembre, après plusieurs reports dus à l'insécurité persistante dans plusieurs régions sous la coupe de bandes armées, ces scrutins ont été de nouveau reportés, de trois jours cette fois, au 30 décembre. Un report dû essentiellement aux retards d'acheminement logistique des bulletins de vote dans les zones reculées, à la tardive impression et distribution des cartes électorales et à une ultime formation express d'agents électoraux. Ce dernier point est important, car, pour le référendum, beaucoup de résultats ont été écartés en raison de mauvaises procédures de validation de votes, selon une source diplomatique. Ce qui explique le faible taux (38%) de participation officiellement retenu, en réalité près du double selon les estimations de cette source. Car dans ce pays de 4,8 millions d'habitants, les électeurs, chrétiens comme musulmans, se sont massivement inscrits sur les listes électorales et se pressaient nombreux dans les centres électoraux avant le vote pour récupérer leurs cartes électorales, déclarant, unanimes, «vouloir la paix et ne plus entendre le bruit des armes». Trente candidats - dont la grande majorité n'a aucune chance de succès - sont en lice pour la présidentielle. Dimanche, le nombre des candidats députés (1.800 au départ) n'étaient pas encore officialisé par l'Autorité nationale des élections (ANE), en raison de recours suite à des invalidations. Trois personnalités émergent du lot avant le scrutin de la présidentielle: deux anciens Premiers ministres du défunt président Ange-Félix Patassé, Anicet Georges Dologuélé et Martin Ziguélé, ainsi que Abdoul Karim Méckassoua, plusieurs fois ministres de François Bozizé. Tous battaient encore campagne dimanche, à coups de distribution de tee-shirts et de francs CFA, tant à Bangui, qu'en province pour les plus fortunés qui se déplacent en avion dans un vaste pays aux routes défoncées. La campagne électorale se terminait hier à minuit. Le renversement du président Bozizé, en mars 2013, par la rébellion à dominante musulmane Séléka de Michel Djotodia, a précipité le pays dans un cycle de violences intercommunautaires qui a culminé fin 2013 par des massacres à grande échelle et le déplacement de centaines de milliers de personnes, à Bangui et en province. Accusé par la communauté internationale d'inaction, Michel Djotodia a finalement été contraint à la démission début 2014, dans la foulée d'une intervention militaire internationale sous la conduite de la France. Dirigée depuis par la présidente de transition Catherine Samba Panza, la Centrafrique tente de panser ses plaies et de redresser une économie ruinée et sous perfusion des bailleurs qui, la France en tête, poussaient à l'organisation rapide d'élections malgré l'insécurité persistante. Les trois derniers chefs d'Etat du pays sont exclus du scrutin. MM. Bozizé et Djotodia, actuellement en exil, sont sous le coup de sanctions internationales et la Charte de transition interdisait à Mme Samba Panza d'être candidate. La Mission des Nations unies (Minusca) est mobilisée pour assurer la sécurité du vote et aider à l'acheminement du matériel électoral (urnes, bulletins). Les forces de sécurité nationales (armée, gendarmerie, police) commencent aussi à être mobilisées dans les points de friction entre milices anti-balaka et ex-rébellion Séléka. Mais aussi à l'intérieur même de l'enclave musulmane du PK-5 de Bangui, où pour le référendum, des extrémistes de la Séléka ont tué cinq habitants désireux de voter. La force française Sangaris a également été déployée en deux points susceptibles de violences: à Bossangoa, fief de François Bozizé dans l'ouest, et à Kaga Bandoro, porte d'entrée de la zone dans laquelle l'ex-Séléka est toujours présente.