Le gouvernement français a lancé jeudi sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter deux comptes officiels, pour contrecarrer sur le web les organisations terroristes et "démonter les mécanismes d'embrigadement" de ces dernières. "L'objectif de cette démarche gouvernementale consiste à occuper les canaux du web pour contrer la situation quasi monopolistique des émetteurs terroristes et, surtout, pour démonter les mécanismes d'embrigadements à l'origine de centaines de départs de jeunes - voire de très jeunes - femmes et hommes pour la Syrie ou l'Irak", a expliqué le service d'information du gouvernement (SIG). Ces comptes, qui s'appuieront sur les travaux de scientifiques et spécialistes sur les questions du terrorisme, seront alimentés par les ministères de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères, de la Justice et de l'Education. Ces institutions diffuseront des rappels à la loi, des informations factuelles sur les avancées militaires, des témoignages de victimes, voire même de repentis, et la démonstration des procédés de manipulation des groupes terroristes. Par cette initiative, qui vient compléter le site www.stop-djihadisme.gouv.fr, le gouvernement veut inciter les citoyens à investir la toile pour "s'opposer aux messages de haines colportés par des réseaux bien identifiés". Face à la menace "permanente" du terrorisme, les autorités françaises mettent en £uvre, notamment depuis les attentats meurtriers du 13 novembre dernier qui ont fait 130 morts à Paris, des moyens colossaux (financiers, humains, juridiques et technologiques) pour venir à bout des groupes qui planifient, selon les responsables sécuritaires, de nouveaux attentats. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé qu'un projet d'un nouvel attentat, visant les forces de l'ordre, a été déjoué dans la région d'Orléans. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a indiqué à ce propos que c'est le 10e projet d'attentats déjoués en France depuis 2013. Dans ce contexte, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a été saisie du suivi de 185 dossiers judiciaires, concernant 985 individus dont 250 sont revenus en France pour leur implication dans le terrorisme, selon les autorités qui précisent que 145 de ces individus "sont aujourd'hui écroués". Dans cette lutte implacable que livrent les services de sécurité, 3.414 personnes ont été refoulées "en raison de risque pour la sécurité et l'ordre public", depuis le rétablissement des contrôles aux frontières françaises, le 13 novembre. Le bilan rendu public régulièrement depuis l'instauration de l'état d'urgence, qui prendra fin en février, fait état de 2.898 perquisitions menées, aboutissant à 346 interpellations, 297 personnes gardes à vue et 51 personnes écrouées. Bernard Cazeneuve avait chiffré à 443 les armes saisies ainsi que 200 stocks de produits stupéfiants et près d'un million d'euros en liquide. Parallèlement, 384 personnes présumées dangereuses ont été assignées à résidence, dont 78 % déjà fichées comme radicalisées, et 39 lieux de culte (salles de prière) ont été perquisitionnés, dont 10 fermés. Le Premier ministre, Manuel Valls, avait annoncé, rappelle-t-on, que le seuil des 1.000 individus ayant rejoint depuis la France les groupes terroristes en Syrie ou en Irak a été franchi. "Environ 600 d'entre eux y sont toujours et on estime à 148 le nombre d'individus ayant trouvé la mort. 250 sont revenus sur notre sol", avait-il précisé.