Le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous a affirmé lundi à New York qu'il était urgent de renforcer la mise en œuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, mettant en garde contre la détermination des groupes terroristes à le faire échouer. Au cours de la présentation du rapport du secrétaire général sur le Mali devant le Conseil de sécurité, M. Ladsous a estimé que la situation sur le terrain avait considérablement évolué depuis la dernière réunion du Conseil consacrée au Mali, en octobre dernier. Cette amélioration a été obtenue grâce "aux efforts conjugués des autorités maliennes, des parties signataires de l'Accord, de la médiation internationale et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma)", a-t-il dit. Ces efforts ont permis de renforcer la dynamique de dialogue et de concertation entre le gouvernement du Mali, la coordination des mouvements de l'Azawad et les groupes de la plateforme, et de créer un environnement plus propice au fonctionnement effectif des mécanismes de suivi de l'Accord. Ces mécanismes, à savoir le Comité de suivi de l'Accord (CSA), présidé par l'Algérie et la Commission technique de sécurité, se sont d'ailleurs réunis à quatre reprises depuis cette réunion du Conseil de sécurité, a relevé M. Ladsous. "Il faut cependant continuer à faire davantage" en insistant sur l'urgence à surmonter de concert les défis dans les domaines politique, sécuritaire et humanitaire, a-t-il enchaîné. Cependant il considère que "le processus de paix naissant demeure fragile et est confronté à la détermination affichée ces derniers mois par des groupes terroristes qui veulent le faire échouer", rappelant à ce titre l'attentat terroriste perpétré contre l'hôtel Radisson Blu à Bamako, le 20 novembre dernier qui a fait 20 morts. Selon M. Ladsous, la Minusma a essuyé 28 attaques entre le 23 septembre et le 16 décembre 2015, période couverte par le rapport du Secrétaire général, contre 20 lors des trois mois précédents. Face à cette situation, deux tiers des effectifs de la Force de la mission de l'ONU sont employés à protéger ses installations et ses convois. M. Ladsous s'est dit également préoccupé par les retards accumulés dans la mise en œuvre d'autres réformes politiques et institutionnelles, qui sous-tendent l'accord de paix signé en juin 2015. "Ces retards risquent de saper la confiance entre les différents partenaires", a-t-il averti en insistant sur la nécessité d'établir des administrations locales provisoires et de mettre en œuvre des réformes institutionnelles telles que la décentralisation ou la création de deux nouvelles régions de Taoudéni et Ménaka. "L'un des enseignements de ces derniers mois est que les différents piliers de l'Accord de paix sont intimement liés les uns aux autres", a-t-il relevé. De son côté, le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, qui s'exprimait à l'issue de la présentation du rapport, s'est félicité de la cessation des hostilités et de la diffusion des messages d'apaisement et de soutien à l'accord de paix que son gouvernement est déterminé à mettre en œuvre. A propos du processus de désarmement et de réinsertion, M. Diope a attiré l'attention du Conseil de sécurité sur la nécessité d'accélérer la phase de cantonnement et a invité la Minusma à jouer pleinement son rôle et à amener les groupes armés à coopérer pour garantir la réussite de l'opération. Il a estimé que le regain d'activités terroristes au nord du pays visait clairement à freiner la mise en oeuvre de l'accord de paix et à créer "une psychose au sein de la communauté des hommes d'affaires et des investisseurs". Conscient que les opérations de maintien de la paix n'ont pas vocation à lutter contre le terrorisme, M. Diop a invité les membres du Conseil de sécurité à envisager un renforcement de la capacité opérationnelle de la Minusma en vue de l'adapter au contexte sécuritaire. M. Diop a mis en garde contre le danger d'assister à un embrasement de l'ensemble de la région du fait des interactions, "voire d'une jonction", entre les groupes terroristes opérant dans le Sahel, au nord du Mali, en Libye et dans le bassin du lac Tchad. "Nous devons prendre très au sérieux la menace terroriste dans la région du Sahel", a-t-il affirmé, en ajoutant que ce serait une grave erreur que "d'accorder un traitement sélectif dans la lutte contre le terrorisme". Par ailleurs le ministre malien a estimé à 3,5 milliards d'euros le coût global des actions de relèvement, de réduction de la pauvreté et de développement au Mali au cours des six prochaines années, en indiquant qu'un mécanisme de concertation a été créé entre le gouvernement malien et ses partenaires financiers pour assurer une gestion optimale et transparente des ressources destinées à la mise en œuvre de l'Accord.