« Les groupes d'auto-défense, qualifiés de pro-gouvernementaux, ne sont ni suscités ni soutenus par le gouvernement », a déclaré Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, de l'Intégration africaine et de la Coopération internationale devant le Conseil de sécurité qui s'est réuni mardi soir pour examiner un rapport du secrétaire général de l'Onu sur la situation au nord de son pays. « L'irruption constante des groupes armés dans les espaces inoccupés par les Forces de défense et de sécurité nationales pour agresser et violenter certaines communautés explique en grande partie la constitution des groupes d'auto-défense par les communautés concernées pour protéger leurs territoires », a souligné avec force le chef de la diplomatie malienne à l'endroit du secrétaire général de l'Onu qui a qualifié dans son rapport de « pro-gouvernementaux » les groupes communautaires d'auto-défense. Autre précision du ministre malien : Bamako « considère ces attaques terroristes comme une violation flagrante des accords du cessez-le-feu, de la feuille de route et des résolutions pertinentes adoptées par le Conseil de sécurité sous le chapitre VII de la charte des Nations unies ». Diop, qui a mis en garde, le 8 octobre dernier, la même institution contre les actes terroristes visant les forces de défense et de sécurité, les populations civiles et les Casques bleus, fait un certain nombre de rappels. « Depuis cette date, les actes terroristes, notamment la pose d'engins explosifs sur les principales artères, les tirs d'obus et de roquettes sur les camps des forces armées maliennes et les bases de la Minusma ainsi que les attentats suicides se sont intensifiés, causant encore, malheureusement, la mort de Casques bleus, de soldats de l'armée malienne et de plusieurs civils », a déploré le chef de la diplomatie malienne avant d'émettre un souhait, à savoir l'accélération de la réflexion sur la mise en place d'une force d'intervention rapide pour le nord du Mali recommandée par la réunion ministérielle des pays africains contributeurs des troupes à la Minusma qui s'est tenue le 5 novembre 2014 à Niamey. A la veille de la reprise des pourparlers d'Alger, Diop demande aux membres du Conseil de sécurité « d'exercer les pressions nécessaires sur les premiers responsables des mouvements armés pour qu'ils s'impliquent personnellement dans le processus des négociations ». Mardi dernier à New York, lors de cette réunion, Hervé Ladsous, le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a déploré les attaques ciblant la Minusma, l'opération Barkhane et l'armée malienne et « l'incapacité » de ces forces à venir à bout de la détermination des différents groupes terroristes qui sévissent dans le nord du Mali. Depuis peu, même le sud du pays n'est plus épargné. Le 5 janvier, 8 soldats ont été tués à Nampala, au sud de Tombouctou, près de la frontière mauritanienne. Ladsous, qui soutient les pourparlers d'Alger qui seraient selon lui à « un stade crucial », suggère au gouvernement malien et aux six mouvements armés du Nord, qui vont se retrouver en février prochain à Alger, de prendre en compte les causes profondes du conflit malien, y compris les conflits interethniques et les questions économiques et sociales, afin de fournir les conditions d'une « refondation de l'Etat malien ».