Les camps de la mission de l'ONU au Mali et ses convois sont régulièrement pris pour cible par les groupes terroristes qui ont multiplié leurs attaques depuis la signature de l'accord de paix d'Alger en mai dernier. Encore un attentat terroriste, le second en moins de dix jours au Mali. Après la sanglante attaque de l'hôtel Radisson Blu, à Bamako, qui a fait vingt morts, les terroristes ont pris pour cible, hier, à 4h du matin, un camp de la Minusma près de Kidal. En effet, selon des informations confirmées par le chef de la Minusma, le camp de la force de stabilisation de l'Onu, à Kidal, région nord du Mali, a fait l'objet de tirs de mortier qui ont fait trois morts, deux Casques bleus guinéens et un civil contractuel travaillant dans le camp. On déplore, par ailleurs, une vingtaine de blessés, selon un responsable du camp, cité par les agences de presse. Le responsable de la Minusma, Hamdi Mongi, a condamné cet acte avec la plus grande fermeté et réaffirmé que ces attaques "n'entameront pas la détermination des Nations unies à soutenir le peuple malien et le processus de paix, y compris à travers son assistance à la mise en œuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali". Il ajoutera que "la Minusma continue de renforcer les mesures pour lutter contre de telles menaces au Mali pour la protection des Maliens et du personnel des Nations unies. J'exprime ma solidarité et salue les courageux hommes et femmes servant dans le cadre de la Minusma partout dans le pays pour leurs efforts visant à apporter une paix durable aux Maliens dans ces conditions difficiles. Cette situation n'a que trop duré. La Minusma ainsi que tous ses partenaires mettent tout en œuvre pour que ces crimes cessent et que les responsables de ces attaques lâches soient appréhendés pour répondre de leurs crimes". Une condamnation assortie de menaces mais qui, jusque-là, n'ont pas dépassé le stade verbal, même si le ton est haut. M. Mongi avait déjà menacé d'étendre la mission de la Minusma en intégrant un caractère offensif à ses troupes sans y parvenir, certainement en raison de la délicatesse de sa mission de stabilisation couplée à son rôle dans la mise en œuvre de l'accord de paix et dans les patrouilles mixtes, entre autres. Jusqu'à hier, en fin de journée, l'attaque n'avait toujours pas été revendiquée. Mais tous les regards sont braqués sur Ansar-Eddine, le groupe terroriste d'Iyad Ag Ghali, qui sévit dans cette partie du Mali. Et pour cause ! Ag Ghali a, le 16 novembre dernier, menacé de s'en prendre aux forces étrangères présentes au Mali, aux forces françaises, et a appelé à empêcher la mise en œuvre de l'accord de paix tout en dénonçant les groupes rebelles du Nord signataires dudit accord qu'il accuse d'avoir "trahi le sol et le sang versé". Tout en appelant les jeunes à se mobiliser dans cette perspective. Est-ce alors son œuvre, et signe qu'il est passé à l'acte ? Probable. L'attaque peut également être revendiquée par El-Mourabitoune, un groupe terroriste habitué à la double revendication des attentats commis au Mali durant cette année 2015. Il y a, enfin, le Front de libération du Macina qui rivalise de cruauté avec les deux premiers et qui a plusieurs attentats à son actif, notamment à Bamako et sa périphérie, et à Sévaré où il s'est fait connaître avec la spectaculaire prise d'otages à l'hôtel Byblos. D. B.