Un vibrant hommage a été rendu mardi à Alger au défunt Hocine Aït Ahmed, figure historique de la Révolution et fondateur du Front des forces socialistes (FFS), par ses proches et compagnons qui ont mis en avant ses qualités de "grand homme de culture et de dialogue". Organisé par l'association El Kalima, cet hommage se veut une expression de la reconnaissance de la jeune génération envers ce "symbole" de l'engagement et du patriotisme, disparu le 23 décembre 2015. Me Miloud Brahimi qui a cotoyé Hocine Aït Ahmed après l'indépendance de l'Algérie a salué la grande culture de cette figure historique qui suscite "aujourd'hui encore" l'admiration de ses contemporains toutes générations confondues. Il a, à cette occasion, rendu hommage à "l'admirable engagement" et la "modestie" d'un historique "qui portait plus d'intérêt à ses idées qu'au pouvoir". L'ex-premier secrétaire du FFS, Ahmed Betatache a quant à lui tenu a rendre hommage au "militant maghrébin" et au "pionnier de la diplomatie algérienne" qu'était Hocine Aït Ahmed ayant dirigé la délégation algérienne à la conférence de Bandung en 1955, avant son arrestation en 1956 en compagnie de Ahmed Ben Bella, Mostefa Lachref, Mohamed Boudiaf et Mohamed Khider, suite au détournement de leur avion, le 22 octobre 1956 par l'armée française. Ahmed Betatache a également exprimé son admiration pour ce "fervent défenseur" des droits de l'Homme, thème de sa thèse de doctorat, et au militant démocrate qui a toujours "refusé d'être instrumentalisé pour rester garant de la démocratie", ainsi qu'il l'a défini. Né à Ain El Hammam (Tizi Ouzou) en 1926, Aït Ahmed avait intégré le Parti du peuple algérien (PPA) où il avait suggéré la création de l'Organisation spéciale (OS), qu'il avait dirigée, avant d'être un des principaux dirigeants du Front de libération nationale (FLN) durant la Révolution du 1er novembre 1954. Après l'indépendance, il se démarque du FLN, en créant en 1963, son propre parti, le FFS, accusé de mener une "insurrection en Kabylie", il est arrêté en octobre 1964, et condamné à mort avant de s'évader de la prison d'El Harrach et de se réfugier en Suisse. Ayant vécu 23 ans en exil, Ait-Ahmed rentre en Algérie en décembre 1989, après l'ouverture démocratique intervenue suite aux événements d'octobre 1988. Le FFS participe aux élections législatives en tant que parti agréé, aux élections législatives de décembre 1991, mais le défunt reprend à nouveau le chemin de l'exil après l'assassinat du président du Haut comité d'Etat (HCE), Mohamed Boudiaf, l'un des chefs historiques de la Révolution, le 29 juin 1992. En 1999, Aït Ahmed se présente à l'élection présidentielle avant de se retirer de la course et quitter définitivement en décembre 2012 la politique pour raisons de santé. Ait Ahmed est l'auteur de plusieurs ouvrages dont "L'afro-fascisme", "La guerre et l'après-guerre", "L'affaire Mecili" ou encore "Mémoire d'un combattant, l'esprit d'indépendance 1942-1952". Hocine Aït Ahmed s'était éteint le 23 décembre 2015 à Lausanne (Suisse) à l'âge de 89 ans.