Quelque 5.867 oiseaux migrateurs ont été dénombrés par les ornithologues dans la zone humide du lac de Sebkhat El-Maleh, située à la sortie sud du chef lieu d'El-Menea (275 km au sud de Ghardaïa), a-t-on appris mardi auprès de la Conservation des forêts de la wilaya. Ce recensement hivernal des sujets avifaunes, utilisant la zone humide d'El Menea comme une "halte et zone de nidification" sur l'axe migratoire entre l'Europe et l'Afrique, a été établi à la faveur du traditionnel recensement international des oiseaux migrateurs effectué en janvier de chaque année par les ornithologues, a expliqué le conservateur des forêts de Ghardaïa, Mohamed Abbes. Le comptage a permis de répertorier une cinquantaine d'espèces avifaunes, dont une trentaine d'espèces d'oiseaux aquatique pour la plupart des anatidés (1.350 canards souchets , 222 tadorne de belon, 47 tadorne casarca, 296 sarcelle d'hiver, 151 sarcelles marbrées) ainsi que d'autres espèces telles le flamand rose (1.678), l'échasse blanche (610), le foulque macroule (575), la poule d'eau (352), le chevalier arlequin (75), la grèbe (54), la pie grièche, l'Ibis falcinelle (37), en plus de l'hirondelle, le héron garde b£uf, le busard des roseaux, le gravelot, le fuligule nyroca et milouin, le grand corbeau, l'avocette, le bécasseau des marais et autres, a-t-il précisé. Ces sujets avifaunes ont été observés sur l'ensemble du site de "Sebkhat El-Maleh", classé sur la liste des zones humides d'importance internationale en 2004 de la convention de Ramsar, et qui s'étend sur 18.947 hectares, dont 1.600 hectare de plan d'eau et une périphérie végétale, a fait savoir le même responsable. Ce nombre d'avifaunes et d'espèces hivernant dans cette zone humide constitue un indicateur biologique''positif'' de l'état de santé de l'écosystème de cette zone humide, en tant que maillon fort de la diversité biologique menacée par les activités humaines accrues, a-t-il souligné. Le site en question, d'un grand intérêt écologique, constitue un berceau d'une population avifaune migratrice très diversifiée et variée, dont une partie inscrite sur la liste des oiseaux menacés, élaborée par l'Union Internationale pour le Conservation de la nature (UICN) telle le tadorne casarca et le fuligule nyroca qui "doivent être préservés à travers des mesures de protection", a souligné le Conservateur. Ce site naturel aquatique, qui recèle des potentialités naturelles susceptibles de promouvoir un tourisme écologique, est également un"véritable laboratoire à ciel ouvert" pour les scientifiques, au regard des milliers d'oiseaux migrateurs qui y nichent, ainsi qu'une une faune remarquable, des reptiles des poissons et une flore endémique riche et variée tel le tamarix limoniastrum, Phragmites et Typha, qui colonisent les berges et même les eaux du lac, a-t-il ajouté. Cependant, il est exposé à plusieurs menaces et à des dégradations multiples induites par l'activité humaine accrue et d'une urbanisation anarchique et accélérée, particulièrement sur ses berges. L'arrachage extensif, la coupe et brûlis de la végétation, le défrichement par les riverains, la pollution par les dépôts des déchets urbains, le braconnage ainsi que les constructions illicites et les rejets des eaux usées dans ce site aquatique, constituent autant de menaces pour l'équilibre écologique de cette zone humide. Afin de préserver et d'augmenter l'intérêt de cet écosystème biologique, les pouvoirs publics ont réalisé une station de lagunage naturelle des eaux usées d'une capacité de traitement de 30.000 m3/jour, pour prendre en charge les rejets d'eaux usées domestiques des deux communes mitoyennes, El-Menea et Hassi El-Gara, et éviter la pollution de ce lac naturel. Les travaux de cette station d'épuration d'un milliard de dinars sont au stade de finition et sa mise en service est prévue début mars prochain, selon les services des ressources en eau de Ghardaïa. Les observateurs ornithologues de la Conservation des Forêts de la wilaya de Ghardaïa ont également dénombré plus de six cent oiseaux migrateurs de plus d'une quinzaine d'espèces, dans trois zones humides "artificielles" créées à la faveur d'un programme de traitement des eaux usées, de préservation de l'environnement et des ressources hydriques à travers la wilaya, a fait savoir le responsable du bureau de la protection de la faune et de la flore à la conservation des forêts, Abdelwahab Chedad. Ces zones humides artificielles et non classées, constituées par la station d'épuration des eaux usées de Kef Doukhane à El-Atteuf (exutoire de l'oued M'Zab), et celles de Berriane et de Guerrara, sont devenues des sites de nidification d'une population avifaune assez importante, a ajouté M.Chedad. Dans une autre zone humide, naturelle et non classée qui s'étend sur une superficie de 140 ha, dont 80 ha de plan d'eau, située au lieu dit El-Mahfoura (commune de Seb Seb) et qui se caractérise par une riche biodiversité florale et faunique et offre un espace pour le développement d'un tourisme écologique sur l'axe de la RN-107 reliant Ghardaia à Brezina (El-Bayadh) via Métlili, les ornithologues ont dénombré 146 oiseaux d'une dizaine d'espèce dont 42 tadornes casarca inscrits sur la liste des oiseaux menacés élaborée par l'UICN. Tous ces sites aquatiques constituent des atouts favorables pour le développement d'un tourisme écologique et culturel durable tant à Ghardaia qu'à El-Menea.