Une boucherie musulmane a été mitraillée dans la nuit de mardi à mercredi à Propriano (Corse-du-Sud), un acte dénoncé par le Premier ministre français Manuel Valls qui le qualifie d'"intolérable". La façade de la boucherie hallal, au centre-ville, a été atteinte par des tirs à l'arme lourde en rafales qui n'ont pas fait de victimes, a indiqué mercredi le procureur de la République d'Ajaccio, Eric Bouillard, précisant qu'il pourrait s'agir d'un fusil d'assaut. Il a ajouté que les dégâts sont "minimes" et que "des témoins ont indiqué avoir entendu peu après 2H00 deux séries de tirs en rafale", ajoutant qu'aucune piste n'est privilégiée pour le moment. La même boucherie avait déjà été, en juin 2013, la cible de tirs peu après son ouverture. En décembre dernier, suite à l'agression de pompiers, dans "un quartier sensible" d'Ajaccio, dont les agresseurs n'étaient pas encore identifiés, plus de 300 manifestants avaient saccagé une mosquée et brûlé des exemplaires du Coran. En réaction à l'attaque de la boucherie, le maire de Propriano, Paul-Marie Bartoli, a dénoncé "le racisme le plus vil et le plus stupide". Le Premier ministre, a pour sa part, dénoncé des "actes intolérables", qui "imposent notre condamnation unanime". Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a estimé, de son côté, que la lutte contre le terrorisme "vaut pour tous les actes de terrorisme" et que le gouvernement entend "protéger tous les Français et condamner tous les actes racistes et antisémites". Le représentant du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, a condamné ces attaques "avec force" et demandé aux autorités françaises de "faire la lumière sur ces évènements". Dans une interview au journal la Croix, le 20 janvier dernier, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait indiqué que depuis les attentats de janvier 2015, les actes antimusulmans ont triplé et se sont établis à environ 400 pour l'année 2015. A la fin du mois de décembre, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra) avait recensé plus de 400 actes antimusulmans, soit une augmentation de 200 % par rapport aux 133 comptabilisés l'année précédente. 2015 a été l'année qui a vu de très nombreux lieux de culte (1.000 sur 2.500 sont actuellement protégés par les services de l'Etat français) pris pour cible, avec comme panoplie : graffitis, dépôt de têtes et abattis de cochon, jets de cocktails Molotov ou incendie.