Vague d'indignation en France. Plus de vingt-quatre heures après le saccage d'une mosquée à Ajaccio (Corse), la classe politique française a dénoncé hier cet acte «inacceptable» et «intolérable» et le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé à des portes ouvertes pour montrer le «vrai visage» de l'Islam et «casser la méfiance». Vendredi, une manifestation a dégénéré à Ajaccio, quand quelque 300 personnes ont saccagé une mosquée et mis le feu à des exemplaires du Coran, en riposte à l'agression, la veille, de deux pompiers et d'un policier, dont l'identification des auteurs n'a pas été déterminée. Sur son compte twitter, le Premier ministre, Manuel Valls, a dénoncé la profanation de la mosquée, la qualifiant «d'inacceptable», alors que le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a condamné ces actes, les considérant «d'exactions intolérables aux relents de racisme et de xénophobie». «Honte à ceux qui ont attaqué, brûlé un lieu de culte musulman. Tout le monde doit réagir !», a déclaré sur twitter le député Jean-Christophe Cambadélis. Sur RTL, le maire d'Ajaccio, Laurent Marcangeli, a accusé samedi des «voyous» et des «individus isolés». «Il s'agit certainement d'individus isolés qui considèrent qu'il existe un lien entre l'incident de la nuit de Noël et la religion musulmane, alors qu'il n'en est rien. Les voyous qui ont saccagé le camion de pompiers n'avaient pas de revendications de type religieux. Il y a eu une réaction de personnes déterminées à se faire justice elles-mêmes. Cela veut dire qu'on est dans un système anarchique, qu'en tant qu'élu républicain, je ne peux pas tolérer», a-t-il dit. Le nouveau président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a, pour sa part, condamné sur BFM TV «des actes racistes complètement contraires à la Corse que nous voulons». Dans un communiqué diffusé sur son site internet, la Grande-Mosquée de Paris a condamné avec la «plus grande vigueur» ces actes «d'agression et de profanation». «Profondément choquée par cette profanation, survenue un vendredi, jour de grande prière pour les musulmans et jour de fête de Noël pour les chrétiens, la Grande-Mosquée de Paris exprime son soutien et sa fraternité aux responsables comme aux fidèles de cette mosquée ainsi qu'à la communauté musulmane de la ville», indique le communiqué de GMP. Elle a appelé les autorités à prendre «toutes les dispositions» afin que les auteurs de ces «actes inqualifiables et intolérables» soient arrêtés et déférés dans les «plus brefs délais» devant la justice. Le CFCM appelle à ouvrir les mosquées de France au public Pour mieux expliquer l'Islam, montrer son «vrai visage», et «casser la méfiance», le CFCM a appelé hier les responsables des mosquées de France, soit près de 2500, à ouvrir leurs portes au grand public, les 9 et 10 janvier 2016. «Les personnes qui viendront pourront poser toutes les questions qu'elles souhaitent, même les plus taboues, sur notre religion, la manière de faire la prière, autour d'un thé et de pâtisseries. Le but est d'initier un dialogue pour mieux se connaître et casser la méfiance», a expliqué Anouar Kbibech, président du CFCM. Une année après les attentats terroristes contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes (7 et 9 janvier 2015), le CFCM veut reconduire l'initiative des mosquées en Rhône-Alpes qui avaient ouvert leurs portes pour expliquer aux Français que l'Islam est totalement étranger à ce genre d'actes. Le 11 janvier 2015, des millions de Français étaient descendus dans les rues manifester contre le terrorisme et dénoncer les amalgames entre les terroristes et les musulmans de France. «A l'époque, des mosquées avaient déjà ouvert leurs portes en Rhône-Alpes, et cette initiative avait été beaucoup appréciée. Mais, cette fois, nous souhaitons étendre ces rencontres à l'ensemble du territoire français», a ajouté Kbibech. Pour le président de cette instance représentative du culte musulman en France, «les événements d'Ajaccio donnent encore plus de relief à notre initiative car le lien qui a été fait par certains entre l'agression des pompiers et l'Islam, avec à la clé une salle de prière saccagée et des Corans brûlés, est insupportable».