Près du quart de la population du Soudan du Sud, soit environ 2,8 millions de personnes, ont toujours besoin de l'aide alimentaire d'urgence et au moins 40.000 personnes frôlent une situation catastrophique, ont mis garde lundi trois agences des Nations Unies. Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM), ces chiffres sont particulièrement inquiétants car ils montrent une aggravation de la faim au cours de la période consécutive à la récolte alors qu'habituellement celle-ci se traduit par une amélioration de la sécurité alimentaire. Le nombre de personnes en insécurité alimentaire devrait atteindre un pic au cours de la prochaine période de soudure entre avril et juillet 2016 lorsque les disponibilités alimentaires seront réduites. Les trois agences des Nations Unies notent que la saison sèche qui vient de commencer pourrait apporter des difficultés supplémentaires pour les personnes confrontées aux niveaux les plus graves de faim. "Les personnes déplacées du fait du conflit dans l'Etat de l'Unity, qui tirent leurs moyens de subsistance de la pêche et des lis d'eau, sont à court de nourriture du fait de la décrue", selon les agences. Les attaques contre les troupeaux de bétail ont privé de nombreuses personnes de produits d'origine animale essentiels et notamment le lait, qui étaient leur principal moyen de survie pendant la période de soudure 2015. "Si l'aide humanitaire ne parvient pas à les atteindre pendant la saison sèche, leur situation sera catastrophique dans les prochains mois", prévient l'organisation onusienne FAO. Pour cette raison, les agences de l'ONU appellent à une mise en oeuvre rapide de l'accord de paix conclu l'année dernière et à l'accès sans restriction aux zones de conflit afin de livrer des fournitures indispensables dans les zones les plus touchées. "Ce ne sont pas seulement les zones directement touchées par le conflit qui sont en situation d'insécurité alimentaire. Dans les Etats septentrionaux de Bahr el Ghazal et Warrap, quelque 200.000 personnes ont vu leur accès à la nourriture se détériorer en raison de plusieurs facteurs, notamment l'inflation et les interruptions des marchés inhérentes au conflit", indique le Représentant de la FAO par intérim au Soudan du Sud, Serge Tissot. "La mise en œuvre rapide de l'accord de paix est absolument essentielle à l'amélioration de la situation alimentaire". "Pendant la saison sèche, nous devons faire un effort important de pré-positionnement afin de continuer à aider les gens lorsque les routes deviendront impraticables du fait des pluies", souligne de son côté la Directrice locale du PAM, Joyce Luma. "Les familles ont fait tout ce qu'elles pouvaient pour survivre, mais elles sont à présent à court d'options", affirme le Représentant de l'UNICEF au Soudan du sud, Jonathan Veitch. "Bon nombre de zones où les besoins sont énormes sont hors de portée en raison de la situation sécuritaire. Il est crucial que l'on nous octroie maintenant un accès illimité. Si nous pouvons les atteindre, nous pourrons leur venir en aide". La FAO prévoit d'aider 2,8 millions de personnes à produire des denrées alimentaires et à protéger leurs bestiaux en 2016. Les moyens de subsistance d'urgence offerts par la FAO comprennent des kits de culture, des kits de légumes, du matériel de pêche et des vaccins vétérinaires pour plus de 5 millions de têtes de bétail. L'UNICEF s'est fixé comme objectif de traiter plus de 165.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë en 2016. L'année dernière, le nombre d'enfants malnutris traités a dépassé 144 000, soit une augmentation de 53% par rapport à 2014. Le PAM a distribué de l'aide alimentaire et amélioré la nutrition à quelque 3 millions de personnes à travers le Soudan du Sud en 2015, en collaboration avec 87 ONG partenaires et en recourant à tous les moyens à sa disposition, notamment les parachutages, les barges fluviales, les transferts d'espèces, les achats locaux de vivres et les compléments alimentaires.