Le nombre des grandes sécheresses enregistrées à l'échelle mondiale en 2015 était plus du double de la moyenne de dix ans, en raison du phénomène El Niño, a déclaré mercredi un expert de l'ONU sur les catastrophes naturelles. Les effets de la sécheresse se font sentir avec des millions de personnes sur les côtés opposés du monde souffrant de la faim en Ethiopie, en Afrique de l'Est, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Océanie, a noté Robert Glasser, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la réduction des risques de catastrophe, lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU. "El Niño et La Niña sont des cycles fréquents et ce qui se passent lorsqu'ils frappent est que nous avons des catastrophes simultanées dans différents endroits dans le monde", a-t-il dit. El Niño - qui signifie le petit garçon en espagnol - et sa sœur La Niña - la petite fille - sont des phénomènes météorologiques liés aux changements climatiques. "Nous voyons davantage d'El Niño et sa fréquence augmente", a déclaré M. Glasser, "le phénomène El Nino 2015 - qui commence à diminuer - était l'un des plus graves El Niños que nous avons connus à l'échelle mondiale". M. Glasser a ajouté que les épisodes El Niño se produisent sur le dos du changement climatique, qui a vu des températures mondiales en 2015 atteignant un degré au-dessus des niveaux préindustriels. M. Glasser a indiqué que la relation exacte entre le changement climatique et la gravité et la fréquence croissantes des El Niño et La Niña sont actuellement les objets d'étude scientifique intense. Il y a une certaine évaluation par les pairs de la recherche scientifique très convaincante, qui suggère que le changement climatique va accroître la fréquence et la gravité d'El Niño et La Niña, a-t-il dit, notant qu'il n'y a pas encore de consensus scientifique sur la question. En Indonésie, les feux de tourbière qui ont empiré en raison de conditions météorologiques El Niño créent également un cycle qui contribuerait à l'aggravation des changements climatiques, a-t-il affirmé. La sécheresse indonésienne a conduit à des feux de tourbière - qui demeurent toujours un problème très grave - (et) libère aussi d'énormes quantités de gaz à effet de serre, a expliqué M. Glasser. Dans certains cas, les feux ont été délibérément allumés pour défricher la forêt pour l'agriculture. Cependant, El Niño les rendent plus difficiles à éteindre, a-t-il noté. Selon une estimation, les incendies indonésiens produisent le même volume des émissions à effet de serre que les Etats-Unis, a déclaré M. Glasser. Cela représente un énorme impact supplémentaire en termes d'émissions de CO2 et d'énormes impacts sur la santé non seulement pour les habitants en Indonésie, mais aussi pour les pays voisins, a-t-il ajouté. L'épisode El Niño a amorcé son déclin, mais ses effets perdurent (ONU) GENEVE - Le puissant épisode El Niño a atteint son maximum et amorcé son déclin, mais il n'en demeure pas moins intense et continue d'influer sur le climat, a indiqué l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son dernier bulletin publié jeudi. Selon l'agence onusienne, ce phénomène météorologique devrait faiblir au cours des prochains mois et disparaître progressivement au deuxième trimestre de 2016. Dans la partie centrale et orientale du Pacifique tropical, la température de l'eau en surface a dépassé la normale de plus de 2 degrés Celsius à la fin de l'année 2015, ce qui indique bien que l'épisode El Niño 2015-16, qui s'apparente à ceux de 1982-83 et 1997-98, est l'un des plus intenses jamais enregistrés, a indiqué l'OMM, avant d'ajouter qu'il est pourtant encore trop tôt pour établir de manière certaine s'il s'agit de l'épisode le plus intense jamais enregistré. "Nous venons de vivre l'un des épisodes El Niño les plus intenses jamais observés, il a entraîné l'apparition de phénomènes météorologiques extrêmes sur tous les continents et a contribué aux records de chaleur enregistrés en 2015", a indiqué le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas. "D'un point de vue météorologique, l'épisode actuel a entamé sa phase de déclin. Mais nous devons rester vigilants, car il demeure relativement intense et ses répercussions sur le plan humanitaire et économique se feront sentir pendant de nombreux mois", a ajouté M. Taalas.