Boualem Sahraoui prévient : l'hiver sera des plus rigoureux. Ce technicien en observation et en radiosondage prévoit des intempéries, comme celles vécues ces derniers jours à Ghardaïa, dans d'autres régions du pays, notamment au Centre. Selon lui, il y a une tendance, cette année, à l'augmentation des phénomènes climatiques extrêmes tels les orages et les tempêtes qui provoqueront inéluctablement des inondations. « Nous sommes en pleine période de refroidissement du Pacifique Sud », explique cet expert en météorologie. Un phénomène qui est connu, ajoute-t-il, sous le nom de la Niña. « Il s'agit d'un phénomène climatique ayant pour origine une anomalie thermique des eaux équatoriales de surface de l'océan Pacifique caractérisée par une température anormalement basse de ces eaux. La Niña (la petite fille en espagnol) tire son nom d'une comparaison avec Niño (petit garçon en espagnol) dont les conséquences maritimes et climatiques engendrées par ce phénomène sont globalement l'inverse de ceux de la Niña. La fréquence de la Niña est différente de celle d'El Niño et les deux événements ne semblent pas nécessairement induits l'un par l'autre », relève-t-il. M. Sahraoui souligne qu'en temps normal, une zone cyclonique nommée « la circulation de Rossby et Walker », située au milieu du Pacifique, chasse les eaux chaudes superficielles par des vents du sud-est vers l'Australie et provoque des remontées d'eaux froides des profondeurs du courant de Humboldt sur le Nord atlantique. La Niña est liée, d'après lui, à un renforcement des alizés dans le Pacifique ouest qui, déplaçant encore plus les eaux chaudes de surface de cette région en direction de l'est, provoquent un renforcement de la remontée d'eau amenant ainsi en surface plus d'eau froide qu'à l'accoutumée. Cet apport d'eau froide lors de la Niña résulte d'un dérèglement atmosphérique que l'on arrive mal à expliquer et qui revient périodiquement, précise notre interlocuteur. Boualem Sahraoui parle de cycles de la Niña qui surviennent, d'après lui, tous les 4 à 5 ans et durent en général 1 à 2 ans. Le phénomène la Nina a commencé à se manifester en juin et juillet 2007. Ce phénomène explique bien, aux yeux de cet expert, les différentes inondations qui ont frappé l'Afrique au cours de l'automne 2007, mais également les pluies torrentielles qui ont inondé l'Australie ou encore les températures glaciales que certaines régions de Chine ont connues. Ce phénomène est induit, indique-t-il, par à la fois l'oscillation nord atlantique et les fluctuations des positions de l'anticyclone des Açores et de la dépression d'Islande semi-permanentes. D'où le changement climatique. M. Sahraoui précise dans ce contexte que les gaz à effet de serre ont accentué ce phénomène et ont ainsi renforcé les perturbations climatiques. Ces perturbations apparaissent sous forme de chaleur anormale qui tend vers la sécheresse dans l'est de l'Amérique du Sud et dans l'est de l'Afrique ou sous forme d'humidité hors normes, comme c'est le cas en Afrique subsaharienne. La Nina suscite habituellement de fortes pluies en Indonésie, en Malaisie, en Australie et en Afrique, mais aussi des sécheresses en Amérique du Sud, des tempêtes dans l'Atlantique tropical et des vagues de froid en Amérique du Nord. « La Nina serait des plus violentes en hiver. La température de surface dans le Pacifique se situe déjà entre 1,5°C et 2°C en deçà des normales saisonnières. Et elle tend vers la baisse », affirme encore M. Sahraoui, pour lequel d'autres inondations en Algérie seraient presque inévitables. Reste à savoir si les autorités sont en mesure d'éviter le pire pour les Algériens, qui ont été suffisamment éprouvés par les phénomènes naturels en tout genre.