L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a averti lundi que l'actuel épisode climatique El Niño était l'un des plus puissants à avoir été observé depuis 1950, précisant qu'il devrait se renforcer d'ici la fin de l'année avec des épisodes de sécheresses et d'inondations "catastrophiques". "Les graves sécheresses et les inondations catastrophiques qui touchent aujourd'hui les zones tropicales et subtropicales portent la signature de l'actuel Niño, le plus puissant que l'on ait observé depuis plus de 65 ans", a expliqué le secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud. Facteur contribuant aux conditions météorologiques extrêmes, le puissant épisode El Niño - un courant équatorial chaud du Pacifique - devrait gagner en intensité d'ici la fin 2015, d'après le dernier bulletin publié par l'OMM. En général, les épisodes El Niño atteignent leur paroxysme entre octobre et janvier et persistent le plus souvent durant une bonne partie du premier trimestre avant de s'affaiblir. Dans son bulletin, l'agence onusienne note que la moyenne trimestrielle maximale des températures de l'eau en surface dans le centre-est du Pacifique tropical va dépasser la normale de 2° Celsius, ce qui placera l'actuel Niño au rang des épisodes les plus intenses qui aient été observés depuis 1950. Les précédents El Niño les plus puissants sont ceux de 1972/73, 1982/83 et 1997/98. En Asie du Sud-Est, El Niño se manifeste le plus souvent par des sécheresses. Celles-ci ont favorisé ces derniers mois des incendies de forêt en Indonésie, parmi les pires de l'histoire. El Niño intensifie aussi la formation de tempêtes dans l'est et le centre du Pacifique. D'après l'OMM, une corrélation a déjà été établie entre l'actuel épisode El Niño et certains phénomènes majeurs, comme la "saison cyclonique très active dans les bassins du Pacifique Nord-Ouest et du Pacifique Nord-Est". Les températures océaniques record, en partie dues à El Niño, ont aussi entraîné un "blanchissement majeur" des coraux, qui a débuté dans le Pacifique Nord au cours de l'été 2014 avant de s'étendre au Pacifique Sud et à l'océan Indien en 2015. L'OMM rappelle que les phénomènes El Niño et La Nina (température anormalement basse des eaux équatoriales du Pacifique) ne sont pas les seuls facteurs qui déterminent les régimes climatiques - et notamment le réchauffement climatique - à l'échelle du globe. "Ce phénomène naturel qu'est le Niño et le changement climatique provoqué par l'homme peuvent interagir et influer l'un sur l'autre de manière totalement inédite", a affirmé M. Jarraud. "Même avant l'apparition d'El Niño, la température moyenne à la surface du globe avait atteint de nouveaux records. El Niño ne fait qu'accentuer cette tendance au réchauffement", a-t-il relevé.